Si l'"Abandon" était l'émouvant récit d'une fin d'enfance, "Combat" est le renom de l'adolescence. Le foyer familial disjoint, ses parents séparés et sur le point de divorcer, le jeune Henry de Monfreid doit quitter Paris pour un lycée de province. Et il est déchiré de toutes parts. Entre son amour pour sa mère - une mère peut-être un peu trop austère, d'une dignité un peu trop parfaite - et son admiration pour un père brillant et léger, combat. Combat, aussi, contre lui-même, contre sa nature réfractaire à l'aveugle soumission du troupeau, combat entre une vanité encore enfantine et les menues et terribles humiliations de la vie d'internat. Et combats de la sensualité naissante, des toutes premières amours... Tout cela, c'est l'envers de l'aventure, mais c'est aussi le prélude à l'aventure. Car c'est dans les couloirs et les dortoirs lugubres du lycée de Carcassonne que Henry de Monfreid, vers 1895, a pris vraiment conscience du prix de la liberté, qu'il a pressenti et rêvé la vie aventureuse qui serait la sienne. De cet " internement " est né aussi, chez lui, le sens de l'observation, le go-t des personnages types, un peu hors série. Ici, comme d'ailleurs dans tous les récits de Monfreid, abondent les croquis aigus et pleins d'humour de ses professeurs, de camarades, de gens de rencontre. Et certains ne sont pas loin d'atteindre à l'allure et au trait balzaciens.