Etude thématique des résonances bibliques qui parcourent les intrigues de l'oeuvre de fiction bernanosienne ; étude complétée par un tableau de concordance méthodique.

"Depuis qu'à la fin de la guerre s'est constituée suivant une figure nouvelle la pléiade de nos grands écrivains vivants, il apparaît que le héros du roman, dont la mission avait été dans l'entre-deux guerres d'exprimer dans sa brutalité et sa soif d'aventure inutile le désarroi de l'époque, ait reçu en quelque sorte une mission sotériologique. Il est en possession non d'une vérité, mais d'une volonté étrangère aux autres hommes, et il meurt pour eux. L'époque sombre a fait, de l'aventurier errant du siècle, le héros. Oreste porte la liverté comme Meursault et Caligula portent la lucidité, comme Antigone la pureté..."

Qu'est-ce donc que ce livre, bizarrement intitulé La Littérature à contre-nuit ? Un essai regroupant des études, dont les angles d'attaque et l'écriture varient, consacrées aux liens que la littérature a tissés, de très longue date (peut-être même depuis ses origines), avec le Mal ? Un ouvrage évoquant, parmi bien d'autres noms, des auteurs tels que Georg Trakl, Joseph de Maistre, Ernesto Sábato, Georges Bernanos, Cormac McCarthy, Paul Gadenne, Ernest Hello ou encore Arthur Rimbaud ? Ce livre est d'abord une plongée dans le gouffre, pour y chercher, fidèle au mot d'ordre de l'intrépide poète, quelque nouveauté et surtout, tenter de rapporter celle-ci pour l'exposer sous la lumière crue du jour. Car, si facile est la descente, nous savons quel terrible prix Orphée dut payer aux gardiens intraitables des Enfers pour en revenir : «Il s'arrêta écrit Virgile dans ses Géorgiques, et au moment où ils atteignaient déjà la lumière, oubliant tout, hélas ! et vaincu dans son coeur, il se retourna pour regarder Eurydice. Aussitôt s'évanouit le résultat de tous ses efforts». Que nous désirions, à notre tour, nous retourner pour contempler, une dernière fois, ce que nous n'avons pu sauver des feux dévorants, jamais piège plus diabolique ne nous fut tendu.