Dans quelques jours, le gouvernement va démanteler la "jungle" de Calais. Une opération sans précédent, des milliers de personnes déplacées en quelques jours, à très haut risque sur les plans humain, sécuritaire et politique.

L'État a convaincu la majorité des exilés de rester en France, mais le dispositif d'accueil est très insuffisant

Certains migrants de "la jungle" de Calais (évacuée cette semaine) hésitent à renoncer à l'Angleterre et à rejoindre un centre d'accueil

L'Europe est censée protéger les réfugiés mineurs non-accompagnés. Pourquoi et en quoi les déçoit-elle ?

Paysage défiguré par les barbelés, baisse du tourisme, dévaluation de l'immobilier, montée du racisme... Les camps de migrants ont bouleversé le quotidien des Calaisiens. Le 7 mars 2016, des habitants manifesteront à Paris pour demander de l'aide. Et clamer leur attachement à leur ville.

Béatrice vit près de Calais, Moxtar a quitté l'Iran pour des raisons politiques. Par amour pour lui, elle s'est improvisée passeuse. En marge des réseaux organisés et à la barbe de la police aux frontières, ils ne sont pas rares, ces amants, militants, M. et Mme Tout-le-Monde, à risquer gros pour aider des réfugiés à traverser la Manche. Un passage à l'acte souvent motivé par la brutalité de la "jungle" de Calais, dont le démantèlement complet est en cours depuis le 24 octobre 2016.

C'est l'histoire d'un double abandon. Celui de milliers de migrants qui s'entassent dans des conditions indignes. Mais aussi celui des Calaisiens, dont la vie a basculé dans un quotidien ahurissant, le drame humanitaire s'invitant dans les cafés, les hôtels, modifiant les paysages et secouant les nuits... Une population souvent exemplaire, amoureuse de son coin de paradis, mais dont le ras-le-bol est entré, pour certains, dans une dangereuse ébullition...