Les critiques se sont longtemps arrêtés à la fable officielle de l'amour univoque entre mère et fille dans l'oeuvre autobiographique de Colette. Cette étude s'applique à pourfendre ce cliché et à chercher - dans son rapport original à l'espace - le ressort caché d'une relation controversée à la mère. Une concurrence s'établit ainsi dans l'espace entre un dispositif de sécurité à fonction convergente, établi par la mère, et une volonté systématique de divergence chez la fille: d'abord par les évasions répétitives de l'enfance, puis par un départ irréversible. Cette soustraction filiale sera finalement comblée par une écriture pléthorique et hyperbolique de la figure maternelle, nantie de tous les pouvoirs. L'écriture affirme sa vocation essentiellement réparatrice, et invente les chemins d'un retour généralisé à la mère, en dédommagement de la désertion.

Cette étude analyse quatre romans de Colette : La vagabonde, L'entrave, Chéri et La fin de Chéri. L'auteur s'interroge sur le droit de la femme au bonheur en s'inspirant de diverses théories féministes. Elle démontre ainsi à quel point l'oeuvre de Colette a gardé son originalité et son pouvoir de provocation

Le volume rassemble, par ordre chronologique, une anthologie de textes de Colette où il est fait allusion au vêtement et à la mode. Le tout est accompagné de photos et dessins de mode et précédé d'une préface d'une universitaire spécialiste de Colette

L'homme-objet chez Colette, c'est le début de la grande démythification de l'homme, c'est la mort du « héros de roman ». Depuis que les femmes sont entrées massivement en littérature, une certaine vision de l'homme s'impose peu à peu dans le roman, qui ne correspond pas à la conception du « héros de roman » proposée par les romanciers masculins. Colette est la première à avoir rompu avec l'optique masculine, et à avoir détruit de vieux poncifs littéraires, là où Madame de Stael et George Sand — pour ne citer qu'elles — conservaient la façon de voir traditionnellement établie par les hommes. C'est le vieil affrontement des deux sexes que nous relatent inlassablement ses livres, mais cette fois du côté de la femme, de l'autre côté de la barrière. Ce livre s'est proposé d'étudier cet autre regard posé sur l'homme, et la vision de celui-ci qui en découle. Installée au centre de son roman en face d'un homme devenu objet de vision, Colette nous offre de celui-ci une image lucide et neuve, qui n'est pas si différente de celle que les hommes entre eux se font depuis toujours de la femme. Ramené à ses seules dimensions d'objet érotique, convoité mais secrètement méprisé, tout à la fois jugé et craint, l'homme de Colette devient rapidement le pendant de la « femme-objet », passive, subalterne, considérée sous un angle presque exclusivement sexuel.