Le législateur a prévu de broyer 39 millions de compteurs d'électricité à longue durée de vie en vue de les recycler et de les remplacer par des compteurs "communicants" dénommés Linky, à courte durée de vie. Dix millions de ces compteurs ont déjà été posés, certaines villes comme Lyon, Amiens ou Nice étant déjà entièrement couvertes.

Filiale d'EDF, Enedis doit avoir équipé 35 millions de foyers d'ici à 2021. Des usagers s'y opposent et s'organisent. Comment en est-on arrivé là ? Récit.

Partie des villes, l'opposition aux compteurs d'électricité "intelligents" s'étend aux campagnes françaises. Des villageois, soutenus par leurs élus, refusent l'installation "obligatoire" des Linky et dénoncent les méthodes musclées d'Enedis. PAR

Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. En 2010, le déploiement national du compteur électrique communicant Linky était officiellement lancé par la société Enedis. Aujourd'hui, cet objet apparemment banal soulève toujours les passions. La sociologue Aude Danieli nous en donne les raisons.

Exclusif. Le sondeur Jérôme Fourquet radiographie la fronde contre le compteur « intelligent », entre défiance vis-à-vis de l'Etat et refus de la science.

D'ici 2024, les compteurs Linky devraient avoir remplacé les 39 millions de compteurs électriques du territoire français. 12 millions sont déjà installés à l'été 2018. Le problème, c'est que ce projet au coût de 5,7 milliards d'euros est contesté par de nombreux consommateurs et organismes. Le compteur Linky est en effet communicant, c'est-à-dire qu'il communique les données de consommation des individus, sans que ceux-ci n'aient vraiment le choix. C'est cet aspect qui pose problème et a même contribué à voir naître plusieurs manifestations et mouvements anti-Linky.

Le compteur intelligent d'Enedis est désormais présent dans presque tous les foyers français. Non content de simplifier les opérations de gestion des compteurs, il fournit aussi de précieuses informations pour connaître et réduire sa consommation.

Moderniser le réseau électrique et offrir aux consommateurs un outil pour réduire leur facture : comment Enedis, filiale d'EDF, a réussi à transformer une bonne idée en cauchemar.

Le bras de fer débute en 2015. L'armée des combinaisons bleues Enedis affronte des escadrons de particuliers munis de cadenas de fortune. Disparate mais déterminée, cette résistance s'oppose à la substitution des anciens compteurs électriques par des boîtiers nouvelle génération. Si le nom « Linky » est convivial, très vite il évoquera un champ de bataille. Depuis le début de son déploiement, 22 tribunaux ont été saisis par des actions collectives, 844 communes ont voté leur refus d'installation et pas moins de 178 collectifs anti-Linky ont vu le jour.