Sans précédent et sans rival, le supersonique né du rêve de revanche franco-britannique après l'humiliation du canal de Suez vient de connaître un lourd revers.

Le 31 mai dernier, le Concorde effectuait son dernier vol commercial Paris-New York. La fin d'une aventure technique exaltante, commencé en 1969. Qui, dès les origines, a masqué un échec commercial retentissant.

Le 1er octobre 1969, à 11h23 du matin, le prototype français Concorde 001 franchit pour la première fois le mur du son, au dessus du Golfe de gascogne. Un succès technique indiscutable. Suivi de bien des désillusions commerciales.

Le programme naît le 29 novembre 1962 : la France et la Grande-Bretagne signent un accord de coopération pour construire un avion supersonique. Les deux pays, qui ont une forte industrie aéronautique, ne veulent plus se laisser distancer par les américains Boeing, Lockheed et Douglas, qui dominent le ciel. Le transport aérien prend son essor. Et ce qu'on attend de lui, c'est d'abord d'aller plus vite.

Poule de luxe ou poule aux oeufs d'or ? Le Concorde, longtemps entretenu par les contribuables français et britanniques, ne rapporte rien.

L'avion de ligne le plus rapide jamais construit devrait prendre sa retraite en 2007. Echec industriel retentissant, cette merveille de technologie continue d'attirer comme un aimant le gratin de la planète, qui lui assure son succès commercial.

Le stress, tous les commandants du bel avion supersonique le connaissent. Ce n'est pas facile de piloter un mythe volant.

Edouard Chemel, 70 ans, compte plus de cinq ans et 2 000 heures de vol sur Concorde entre 1983 et 1989. Historien de l'avion, auteur d'une encyclopédie de l'aviation, il a accepté de répondre à nos questions en dépit de son émotion et de ses réticences à s'exprimer après le drame de Gonesse.