Ces dernières années, le pays a été le théâtre de milliers de mouvements sociaux contestant la politique économique du gouvernement. Mais une répression systématique, la faiblesse de leur couverture médiatique et l'indifférence des élites politiques ne leur ont pas permis de se faire entendre.

Si les mesures de relance ont été saluées par le FMI, le pays est aussi confronté au blues des ménages et à une explosion de la pauvreté. Décryptage d'une reprise à deux vitesses.

Les Égyptiens sont appelés aux urnes le 26 mars pour élire leur président. L’opposition dénonce un scrutin joué d’avance, aucun candidat d’envergure n’ayant eu le droit d’affronter le président sortant, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi. Le vote se déroule dans un contexte où les espoirs nés du soulèvement de janvier 2011 se sont évaporés, et où la population est confrontée à une dégradation de sa situation économique ainsi qu’à la main de fer du régime.

Alors que le canal de Suez a rapporté 7,5 milliards d'euros à l'Égypte en 2022, un record, le gouvernement envisage de céder aux entreprises privées, y compris étrangères, une partie de la gestion de ce passage stratégique du commerce mondial. L'importance économique qu'il revêt pose la question de la pérennité du modèle rentier et, plus largement, celle de la crise économique et politique à laquelle fait face le régime d'Abdel Fattah al-Sissi (depuis 2014).

Après avoir réussi à étouffer l'opposition, le chef de l'État égyptien, candidat à la présidentielle anticipée de décembre, est assuré de se succéder à lui-même pour un troisième mandat. Mais la colère du peuple, éreinté par une crise économique aiguë, pourrait le rattraper.

En 2011, les rues situées autour de la place Tahrir ont abrité le coeur battant de la révolution. Mais depuis l’avènement de Sissi, un étau sécuritaire enserre le centre de la capitale, suscitant l’exode des acteurs engagés de la société civile. Sommaire. Une chape de plomb étouffe le centre-ville du Caire. Des capitaux étrangers pour renflouer les caisses.