Malgré l'espoir suscité par le départ du pouvoir de Zine el-Abidine ben Ali (1987-2011) lors des « printemps arabes », la situation du peuple tunisien n'a pas connu les améliorations escomptées. Alors que le régime politique reprend le chemin de l'autoritarisme sous Kaïs Saïed (depuis 2019), l'économie reste incapable de sortir d'une crise aggravée par la Covid-19. Découragée par un avenir morose, une partie de la jeunesse fait le pari de l'exil.

Neuf mois après le coup de force du président Saïed, le « peuple » dont il se réclame commence à déchanter, dans un pays au bord de la faillite.

Les deux scrutins de l'automne 2019 se déroulent dans un contexte de déception des Tunisiens, tant sur le plan démocratique qu'économique.

Poids écrasant de la dette, déficits qui se creusent, investissement privé en berne, infrastructures insuffisantes... Faute d'une vision ambitieuse, les promesses du Printemps tunisien sont restées lettre morte, et les opérateurs étrangers s'impatientent.

Il y a dix ans, te nom de ce vendeur de légumes ambulant qui s'était immolé par le feu pour protester contre l'arbitraire rimait avec Printemps arabe. Aujourd'hui, il évoque surtout des lendemains qui déchantent.

Ils se sentent "dejà morts", alors pourquoi ne pas tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée ? Poussés par la misère et les promesses des passeurs, de plus en plus de mineurs embarquent vers l'Europe. Mais tous n'arrivent pas.

Le philosophe et sociologue refuse de céder à l’accablement devant la chape de plomb qui s’abat sur la Tunisie. Il analyse les raisons de l’échec de la transition, du soutien populaire à Kaïs Saïed et de l’incapacité de la gauche tunisienne à incarner l’horizon social de la révolution. Il voit aussi émerger un archipel de résistances prometteur, à condition que celui-ci trouve sa traduction politique.

Depuis l'été 2021, l'opposition et la société civile sont muselées, dans un contexte de forte dégradation économique du pays.