Cinquante-cinq millions de Turcs sont appelés aux urnes le dimanche 24 juin 2018, pour des élections législatives et présidentielle anticipées. Le scrutin qui était censé renforcer le pouvoir autoritaire d'Erdogan pourrait se révéler beaucoup plus indécis que prévu.

Après avoir longtemps défendu les Ouïgours, réprimés par la Chine, la Turquie d’Erdogan fait aujourd’hui profil bas alors que Pékin appelle à l’extradition de certains membres de cette communauté turcique réfugiée sur les bords du Bosphore. D’après l’économiste et politologue turc Ahmet Insel, il s’agit désormais pour le « reïs », en butte à une grave crise, d’obtenir de son puissant "partenaire" une aide financière.

Depuis le début du conflit en Ukraine, des milliers de Russes ont fui leur pays, inquiets à cause des sanctions, pour leur liberté, ou ne supportant plus un climat devenu oppressant. Nombreux sont ceux qui se rendent en Turquie, où ce magazine italien a recueilli leurs témoignages. "L'argent russe inonde le pays" complète l'article.

Si le pays est si mal classé dans le dernier rapport international sur le bonheur, ce n’est pas seulement à cause des difficultés économiques des Turcs. Il existe aussi un malaise plus profond.

Alors que le président turc menace de lancer ses troupes contre les Kurdes en Syrie, la situation économique se détériore, et l’islamisation à marche forcée pousse les gens vers l’athéisme. Sommaire. Erdogan s'en va-t-en guerre. La laïcité pour sauver l'islam. Une crise économique sans précédent.

En Turquie, l’arrivée de l’AKP au pouvoir en 2002 a marqué un tournant dans l’histoire du pays. Depuis lors, le président Recep Tayyip Erdoğan n’a cessé d’affirmer son pouvoir. Mais la situation économique se dégrade sérieusement. Par ailleurs, la politique étrangère atteint ses limites en Syrie. Le rôle régional de la Turquie reste important, mais de plus en plus problématique.

La lire turque continue d’être dépréciée, entraînant une inflation galopante. Erdoğan gouverne avec opportunisme, dans les ombres du blanchiment de capitaux et la fiction d’une économie rentière.

La Russie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis injectent massivement de l'argent dans l'économie du pays. L'objectif : soutenir Recep Tayyip Erdogan à l'approche de l'élection présidentielle. Face à ce déferlement de capitaux, l'Occident doit agir.

Alors que les élections générales turques approchent, Recep Tayyip Erdogan s'ingénie à attiser le feu dans les régions kurdes. Pour raviver le sentiment nationaliste de ses concitoyens ? Dans un pays meurtri par les séismes de février 2023 et empêtré dans une situation économique tragique, jouer cette carte ne suffira peut-être pas.