La vie au château n'est pas seulement rythmée par le rituel imposé par Louis XIV, mais aussi par les luttes intestines qui émaillent le quotidien de Versailles. De 3 000 à 5 000 personnes y oeuvrent au service de Sa Majesté. Une faune hétérogène unie par la même ambition : lui plaire à tout prix. Les favorites se disputent ses faveurs pour s'assurer une place au soleil, les courtisans jouent des coudes pour entrer dans les petits papiers de Louis. Et, au milieu de cette mêlée distinguée, les domestiques, témoins muets mais aux aguets, rapportent au monarque le moindre bruit de couloir...

Primi Visconti, chroniqueur à la cour, dit de Louis qu'il a « la gravité d'un roi de théâtre ». Il fallait une scène au plus grand protagoniste du royaume de France, un décor à sa (dé)mesure. Ce sera Versailles, modeste relais de chasse hérité de son père, transformé au fil des ans en un palais de gouvernement abritant un foyer des beaux-arts. Dans son domaine, le souverain pousse à leur paroxysme les rituels de la vie de cour, orchestrés autour de sa personne.

Les Valois avaient déjà mis la cuisine au service de leur pouvoir, mais c'est le Roi-Soleil qui érige le plaisir de la table au rang d'art politique.

Dans une lettre fictive à la marquise de Sévigné, recluse dans son domaine breton des Rochers, une courtisane de ses amies conte par le menu la vie à Versailles, rythmée par le Roi-Soleil.

Le Roi-Soleil intègre le système de cour dans sa conception du pouvoir, regroupant en un même théâtre, Versailles, les plus grands seigneurs du royaume habitués à vivre sur leurs terres.

Avoir ses quartiers de noblesse, résider à Versailles, manger à la table des grands, sont les critères pour détenir le brevet de courtisan. Mais il faut plus : endurer le froid, les odeurs nauséabondes, la promiscuité, et... les caprices du prince.

Impossible de se loger convenablement pour les 3 000 courtisans de Louis XIV. Tous les moyens sont bons pour obtenir un appartement, voire un simple placard : on le joue aux cartes, on le soutire par la menace, on le monnaie. Visite guidée de l'envers du décor.

A Versailles, la sexualité du souverain est un rouage essentiel, et public, de son pouvoir. Jouir de la cour, c'est régner...