La violence se déchaîne entre des bandes de banlieue transformées en véritables organisations criminelles. Exemple dans la cité phocéenne, où, débordant le milieu traditionnel, elles s'affrontent pour contrôler le marché de la drogue. Et règlent leurs comptes au fusil d'assaut

Délinquance, braquages, drogue, guerre des cités, règlements de comptes... Enquête.

Dans les grands ensembles du nord de Marseille, c'est l'un des supermarchés de la drogue. Ici, au pied des immeubles et des escaliers, les petits caïds règnent sur un commerce qui ne cesse de prospérer. Pas que par la violence : lui seul ou presque emploie les jeunes du quartier...

Des médecins et des élus relancent le débat sur la légalisation. L'occasion pour François Hollande de se refaire une santé sur sa gauche. Sommaire. "Plus la loi est sévère, plus il y a de consommateurs". Quand le cannabis relance l'économie. Marseille, dépénaliser pour après.

Cinq morts et deux tentatives d'assassinat depuis 2011. Le clan Tir a payé un lourd tribut à la violence qui gangrène les quartiers Nord de la ville. Au point de faire oublier son intégration réussie.

Le Langage est cru, à l'image de la réalité qu'il dépeint. Dans "French Deconnection au coeur des trafics", le journaliste - prix Albert-Londres, 2014 - décrit le quotidien des dealers à Marseille, "l'ambition, la fumette, la flambe et surtout la servitude". Le 13 janvier 2016, il publiera "La Fabrique du monstre", une enquête dénuée de complaisance mais pas d'empathie.

Qui se souvient de Kamel, ce gosse de 17 ans mitraillé en bas de chez lui, dans les quartiers Nord ? Une victime de plus de ces règlements de comptes qui ensanglantent les cités de Marseille, où le commerce de la drogue tient la rue. A la Castellane, Marie-France Etchegoin a exploré les dessous d'un système criminel devenu une véritable société parallèle, avec sa hiérarchie, son organisation du travail, ses règles. Ses profits record. Et souvent la mort au bout...

A Marseille, les dealers tiennent boutique dans la rue, tranquillement installés sur leurs fauteuils. Et se font livrer leur panini-Fanta par les petits contre un billet de 10 ou 20 euros. Mortelle pagnolade. Une centaine de gangs oeuvrent dans la ville. Le 19 novembre 2010, un minot de 16 ans était abattu au kalachnikov.

La cité phocéenne braque les feux médiatiques au rythme des tirs de kalachnikov. Dans les quartiers Nord, devenus le symbole des banlieues françaises à l'abandon, des jeunes s'entretuent pour l'argent des stups. Certains, pourtant, ne baissent pas les bras et tentent de les sortir de la spirale de l'ultraviolence.