Près de douze millions d'élèves ayant en main de cinq à six manuels différents... Le compte est vite fait des livres scolaires en circulation chaque année - et qui sont renouvelés, remplacés, rachetés, beaucoup plus souvent aujourd'hui qu'autrefois. Les manuels sont ainsi au coeur du système éducatif. Enseignants, parents, élèves même, se retrouvent pour juger indispensables ces livres spécifiques qui restent partout, en cette fin du XXème siècle, les instruments essentiels de l'accès au savoir. Et pourtant, que de questions restent en suspens ! Qu'est-ce qui pousse les éditeurs à proposer sans cesse de nouveaux manuels ? Qui se porte garant de leur qualité scientifique et pédagogique ? Pourquoi les éditeurs et les auteurs, considérant l'édition scolaire comme une chasse gardée, estiment-ils qu'un manuel scolaire ne saurait être critiqué, à l'instar d'un roman ou d'un essai ? Et que penser de l'indifférence affectée du ministère à ce propos ? Il ne s'agit pas de brûler les manuels scolaires - au contraire ! - mais de reconnaître que leur qualité (qui engage celle de l'enseignement) dépend de la façon dont ils sont prescrits, conçus, fabriqués, financés et choisis.

Les secteurs de l'édition du scolaire et du parascolaire sont dissemblables sur bien des points. L'Education nationale est le prescripteur du premier, tandis que le second répond davantage aux attentes des parents d'élèves. Si les logiques d'investissement sont différentes, les deux secteurs doivent aussi s'adapter aux défis du numérique.