La mixité... C'est une des vertus supposées de la gentifrication des grandes villes, mais rien n'y fait : dans les quartiers populaires, familles aisées et immigrées vivent côte à côte sans se mêler. Alors quand la mairie du 18e arrondissement de Paris a décidé de redécouper la carte scolaire, la nouvelle a fait l'effet d'une petite bombe. Dès la rentrée 2017, les élèves de la métissée Goutte-d'or et ceux qui habitent côté Montmartre iront dans les mêmes établissements.

Chômage, pauvreté, laïcité « en danger » : à chaque difficulté, les dirigeants politiques se tournent volontiers vers l'école, dont ils affectent de croire qu'elle détient toutes les solutions. Ce fut à nouveau le cas à la suite des attentats contre « Charlie Hebdo » et le supermarché Hyper Cacher, en janvier dernier. Mais peut-on sauver le monde depuis la salle de classe ?

"L'école" est soumise depuis longtemps à des transformations quasiment ininterrompues, qui en font une institution très instable. Ces transformations continues génèrent des contradictions entre ses différentes strates, entre ses agents, les discours qu'ils portent et entre les couches sédimentées de ses divers moments historiques, dont les principes sont hétérogènes et concurrents. La crise semble en tout cas être le régime régulier d'existence de cette institution, et la réforme continuelle est le mode monomaniaque de son existence.