Comment une réforme annoncée depuis 1998, lorsque fut mis en route de processus dit "de Bologne", le plus souvent présentée comme consensuelle et progressiste, a-t-elle pu en quelques semaines susciter un mouvement de grèves minoritaire mais virulent dans une dizaine d'universités françaises ?

Le président de Paris-IV, Georges Molinié, a pris la tête de la fronde des enseignants-chercheurs

Auteur d'une Histoire des universités, Jacques Verger confronte les grandes lignes du projet de réforme gouvernemental aux évolutions de ces institutions remontant au Moyen Age.

Le projet de loi n'est qu'un prétexte, et les manifestations des profs et des élèves reflètent un malaise plus profond, que le ministre de l'Education nationale n'a su ni voir venir ni prévenir. C'est sans doute une des grandes leçons de ces journées où Fillon a dû faire face à la rue lycéenne.

De la mi-janvier à la mi-février, une grève des personnels et des étudiants des trois campus de l'Université des Antilles et de la Guyane a mis en exergue le manque de moyens humains et financiers auquel elle est confrontée. Une refondation s'impose.

Le mouvement social (mal)mené en 2003 a déçu les enseignants. Et malgré les problèmes qui émergent dans de nombreux domaines, peu d'entre eux sont prêts à s'engager dans un nouveau conflit.

Entre provocations politiques et encombrement malvenu des réformes, le gouvernement a réussi à cristalliser en quelques semaines un malaise qui restait latent chez les universitaires. Si le mouvement de ces derniers mois a rappelé les difficultés structurelles propres à l'université française et aidé à identifier des stratégies d'avenir, il peine à trouver une issue par le haut au mécontentement.