A Mexico, les féminicides ont augmenté d'une façon inquiétante ces dernières années. Face à cette hécatombe, les autorités font étrangement preuve d'une grande passivité - 95% de ces assassinats restent impunis. Pour briser le silence et stopper cette spirale mortifère, femmes et militants s'organisent.

De nombreuses plates-formes et pages Facebook recensent les cas de féminicide en open data pour qu'ils ne soient plus éparpillés en autant de faits divers isolés.

Depuis début septembre 2019, des phrases-chocs collées sur les murs de plusieurs grandes villes françaises rappellent aux passants l’horreur des féminicides. Une action lancée par cette ancienne Femen, qui n’attend rien du Grenelle contre les violences conjugales, dont les premières propositions seront rendues publiques le 28 octobre.

Le 6 décembre 1989, quatorze jeunes femmes sont assassinées au sein de l’Ecole polytechnique de Montréal. Avant de se donner la mort, leur tueur a laissé un message expliquant son geste : il hait les féministes. Malgré l’évidence, il faudra de nombreuses années pour que la vérité soit pleinement acceptée par l’ensemble de la société. Et le crime nommé pour ce qu’il est : le premier féminicide de masse revendiqué.

En France, le terme n’a fait son apparition dans le débat public que fin 2017 alors que les féministes l’emploient depuis l’orée des années 2000. Un symptôme de la difficulté du pays à regarder en face l’ampleur des violences : plus de 100 femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint. À quelques jours de l’annonce des mesures du gouvernement pour endiguer le phénomène, militantes, magistrats et politiques racontent l’irruption de ce mot et la prise de conscience qu’il suscite aujourd’hui.

Sur les murs de la capitale et dans les médias, on voit apparaître le nouveau terme de « féminicide », avec la volonté politique de l’inscrire dans le Code pénal. Or, l’usage et l’utilité de ce terme ne vont pas de soi. Est-ce qu’il éclaire les ressorts spécifiques d’une violence sexiste ? Peut-on qualifier de « féminicide » tout meurtre de femme ? Quel peut être l’apport de la réflexion philosophique sur notre perception de ces violences ?

L'assassinat de Giulia Cecchettin, poignardée par son ex-conjoint en novembre 2023, n'était ni le premier ni le dernier féminicide de l'histoire de l'Italie. Mais il est celui qui a réveillé le pays et lui a fait prendre conscience de ses névroses. Depuis, Italiennes et Italiens de tous âges défilent au cimetière de Saonara pour expier leurs fautes, et pour construire l'avenir.

Le terme « féminicide » est désormais largement utilisé et le Grenelle des violences conjugales a eu des effets réels. Mais il reste encore beaucoup à faire.

Arrivée en France depuis la Chine début 2018, Li Ming pensait y trouver un travail, gagner de l'argent et rentrer rapidement auprès de sa famille. Au lieu de quoi elle a passé de longs mois à se prostituer, avant d'être assassinée. Le procès de son meurtrier s'est tenu en fin d'année dernière.

Succès surprise de l'année 2022, multicésarisé, le polar de Dominik Moll s'est largement inspiré de l'affaire Maud Maréchal, crime non élucidé et méconnu survenu en 2013 en région parisienne. Mais le cinéaste a laissé de côté une partie des faits pour renforcer son propos contre la violence des hommes.

A la veille du Grenelle des violences conjugales et sexuelles, "l'Obs" donne la parole à Laurence et Françoise, qui avaient 7 et 10 ans quand leur mère a été abattue sous leurs yeux par leur père. Elles racontent.