Texte-phare d’un nouveau féminisme échappant à la seule récrimination, défi jeté à la face d’une arrogance virile encore inébranlée, appel vibrant à la participation effective des femmes aux affaires du monde, cette parole de femme, lancée comme une promesse en 1974, est aujourd’hui d’une actualité renouvelée. Car ce monde d’hommes, régi par la soif de profit et de conquête, a plus que jamais besoin des femmes, de leurs forces propres, accumulées dans l’ombre pendant des siècles de besogne et de discrétion, forces d’intelligence, de résistance, de bon sens, de générosité et d’attachement indéfectible à la vie. Non, cette parole de femme n’a pas dit son dernier mot.

Depuis toujours les hommes ont la parole. Eux seuls décident de ce qui est grand, vrai, bon. Aux femmes d'agir et de penser en conséquence. Et si les femmes pensaient, aimaient, voulaient autrement qu'eux ? Alors il faudrait le dire. Une voix de femme, une autre parole. Parole irrespectueuse des valeurs les plus hautes auxquelles prétend la virilité. Car au firmament de la grandeur humaine on ne trouve jamais que les vertus du conquérant, du propriétaire, du maître. Soit les moyens d'acquérir de la valeur pour qui s'en pense dépourvu. Parole étonnante aussi que celle née du corps même de la femme. Heureux corps, parcouru de profondes jouissances, jamais reconnues, toujours bafouées, le sang menstruel, la grossesse, l'accouchement, l'allaitement, l'accouplement, et qui sont autant d'expériences intimes et amoureuses de la vie. À l'écoute de son corps, la femme entend toutes les voix de la jouissance que l'homme, seulement épris de son mâle désir, s'applique à réduire au silence. Un livre qui donne envie de rire des choses les plus sérieuses, de jouir des choses les plus humiliées, de réinventer le monde, qui donne à la lutte des femmes du " coeur au ventre ", non pour leur seule libération, mais pour le triomphe de la vie, partout où elle est étouffée.

"Toute vie est une évasion. A chaque instant nous devons scier des barreaux, lancer des cordes faites de draps où nous avons trop longtemps dormi, briser le silence des alcôves, des cabines d'essayages, des confessionnaux... Chaque jour, crier, casser des habitudes : s'évader. Seule ou avec la complicité active de Josyane Savigneau, qui dirige les pages littéraires du journal "Le Monde", c'est l'aventure de sa vie que nous conte Benoîte Groult : ses hommes et ses mariages, ses combats, depuis le journalisme d'après-guerre à la féminisation des "noms de métiers, de grades et de fonctions" avec Yvette Roudy, ses succès ("Le journal à quatre mains" avec sa soeur Flora, "Ainsi soit-elle", "Les trois quarts du temps"). Dans ce style libre qu'on lui connaît. (Bibliotéca magazine)

Avec son caractère ardent, son inextinguible soif de connaissance, ses convictions pacifiques et féministes, Louise Weiss fut une femme-phare pour plusieurs générations. Mais, au-delà de l'image de la femme comblée par la vie, Célia Bertin veut montrer la femme dont les déceptions à la fois amoureuses et professionnelles poussèrent à se construire un personnage et se laisser aller à l'amertume.

"...Comme si entre les hommes et les femmes tout devait être finalement ramené à la désolante inégalité, à la domination, à l'oppression... En vérité, c'est toujours d'autre chose qu'il est {d'abord} et {à la fin} question pour eux. Pourquoi s'apprêtent-elles ? Pourquoi s'efforcent-ils ? Pourquoi se font-elles belles, silencieuses et lointaines tandis qu'ils se font, eux, puissants, industrieux et maîtres ? C'est bien pour l'amour qu'ils se font hommes ou femmes, en disposition particulière d'amour, en quête de ce jardin d'innocence jamais atteint peut-être mais toujours promis, toujours possible, où ils seraient ensemble." A.L