Vingt-quatre ans après le génocide rwandais, le rôle exact de la France auprès du régime alors en place à Kigali continue de faire polémique."Le Monde" revient sur cet épisode tragique, documents et témoignages à l'appui.

Les soldats français reviennent au Rwanda en juin 1994. Ils assistent sans intervenir à la fin du génocide des Tutsi. Conformément aux instructions. Mais certains reçoivent un autre ordre, signé de l'Elysée. Un ordre stupéfiant : fournir des armes aux assassins.

A Gysenyi se sont regroupés les débris de l'armée et les chefs civils et militaires responsables du génocide, qui ne savent pas trop s'ils doivent rire ou pleurer de la "zone humanitaire de sécurité" que les Français sont en train de créer.

Etrange expédition, dans laquelle les soldats français sont obligés de bouder l'accueil chaleureux d'une population hutue qui chante les louanges de "l'ami Mitterrand". Ils savent en effet qu'au moindre dérapage de leur mission "humanitaire" ils peuvent être entraînés dans des affrontements.

L'ancien président de Médecins sans Frontières, tout en relevant les aspects positifs de l'intervention française, estime que l'on ne pourra pas faire l'économie d'un procès de l'action passée de la France dans ce pays.

Un million de Rwandais, fuyant vers l'ouest, butent sur la chaîne des volcans et sur le lac Kivu. Ils se préparent donc à submerger le "réduit français" où, faute de moyens suffisants pour les contrôler, les tueurs continuent à sévir.

Des rescapées tutsies du génocide hutu affirment qu'elles ont été systématiquement violées par des militaires français dans les camps contrôlés par la force Turquoise. Info ou intox ?

En trois mois, à partir du 7 avril 1994, près de 1 million de personnes ont été exterminées au Rwanda, soit les trois quarts de la population tutsi. Comment une idéologie raciste a-t-elle pu conduire à un tel déchaînement de haine ? Quand près de 800 000 personnes ont participé aux tueries, comment faire justice ?