" Un romancier n'écrit pas avec une doctrine. Ce ne sont pas les doctrines qui font écrire... " Ainsi s'exprime Paul GADENNE (1907-1956) dans ses notes inédites sur le roman, que nous publions intégralement ici. C'est pourquoi, tout lecteur de Gadenne est invité par lui, avant de se poser de multiples questions sur les stratégies narratives complexes mises en œuvre dans ses sept romans, - de Siloé aux Hauts-Quartiers, en passant par Le Vent noir, La Rue profonde, L'Avenue, La Plage de Scheveningen et L'invitation chez les stirl - à remonter a la source de l'écriture, à ces sentiments d'émerveillement, d'épouvante, de culpabilité, d'abandon, qui font que l'on est poussé à écrire de toute nécessité, avec " son sang", selon la formule de Nietszche qu'affectionnait Gadenne. " Le personnage-créateur refait inlassablement le parcours qui le guide vers l'inconnu. Chemin faisant il écrit, à moins qu'il ne chemine en écrivant, tarit la marche et l'écriture sont jumelles chez Gadenne. Quant à l'œuvre, cet inlassable produit de l'imagination humaine, perpétuellement décomposée et recomposée, à l'image de la Baleine, elle est précaire, impropre à satisfaire son créateur, l'homme n'est jamais rassasié de poursuivre une image de lui-même qui le satisfasse.

Pour Gadenne, l'écriture était un engagement moral fondé sur la foi chrétienne. L'auteur tente d'expliquer le style et l'écriture de Paul Gadenne à travers certaines de ses oeuvres.