Rude printemps pour le président d'EADS, entre la chute du dollar, l'échec de la vente de plusieurs sites, l'affaire des délits d'initiés et un vilain climat anti-allemand entretenu à Toulouse par des syndicats... Gallois, contesté ? Il se défend et contre-attaque.

Avec son flegme quelque peu britannique et sa rigueur toute germanique, ce Gascon était sans doute prédestiné à diriger un jour une société européenne. Avec EADS, il a tiré le gros lot !

Diplômé d'HEC, il a adoré l'ENA, où il a côtoyé Alain Juppé. Fidèle de Jean-Pierre Chevènement, il a été aux premiers rangs de l'alternance en 1981. Grand commis de l'Etat, il a découvert l'industrie par les moteurs d'avion, avant de diriger deux entreprises emblématiques, Aérospatiale et la SNCF. En 2006, à plus de 60 ans, celui que les cheminots surnommaient ″Loulou″ a été appelé au chevet d'EADS, leader européen de l'aéronautique et de l'espace, alors miné par les rivalités franco-allemandes.

Patron historique de la SNCF, ex-PDG d'EADS et actuel président du conseil de surveillance de PSA, Louis Gallois incarne un spécimen qui, comme les poissons volants, n'est pas la majorité de l'espèce : le patron de gauche (la métaphore est d'Audiard). Souvent courtisé pour participer au gouvernement, mais jamais tenté, « « Loulou » revient pour « Marianne » sur sa vision de l'économie française actuelle. Patriotisme économique, place des syndicats, nécessité de l'impôt et coup de gueule sur les rémunérations... son langage détonne dans l'univers patronal.

Malgré les succès de son groupe, le patron d'EADS s'estime trop payé.

C'est un cheminot de base, non syndiqué. Il livre ici -de façon anonyme- sa vision de l'entreprise, de son climat social, des réformes en cours.

L'aviation civile est sortie de crise plus tôt que prévu, confirme Louis Gallois, le patron d'EADS. Mais il cherche à compenser la contraction des budgets militaires en mettant l'accent sur les services, l'espace et les pays émergents.

Si le commissaire général à l'investissement se montre plutôt positif sur la mise en oeuvre du pacte de compétitivité par le gouvernement, il met en garde contre l'instabilité fiscale, qui pénalise les entreprises. Pas question, donc, de toucher au fameux Cice... même s'il est perfectible.