Aux Etats-Unis, il était aussi célèbre que Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie, Glenn Miller ou Miles Davis, et peut-être plus populaire. Il y a été baptisé The King of Swing dès la fin des années 1930, pour avoir donné, avec plus de ténacité que dautres, il venait des faubourgs pauvres de Chicago, avec concentration et enthousiasme, un visage musical à loptimisme. Mais popularité nétant pas, à juste titre, nécessairement considérée comme un signe de talent, en France, on nen a parfois accordé aucun à Benny Goodman (1909-1986). Il faut dire quil accumule les motifs de préjugés douteux: Blanc, interprète classique, juif et riche, cela fait beaucoup pour ceux qui auraient tendance à apprécier la musique en fonction de la couleur de peau du musicien ou de son statut social. Au moment du bilan, il faut se rendre à lévidence. Ses collègues clarinettistes, pour ne parler que de ceux-là, lont considéré comme le meilleur jazzman sur son instrument. Il fut le premier à présenter au grand public des formations mixtes, Blancs et Noirs, à une époque où le Ku Klux Klan, les Fils de la Vraie Amérique et la très quotidienne ségrégation régnaient sans partage sur une grande partie du territoire américain. Cest lui qui, le premier, fit entrer le jazz dans les temples de la musique classique.