Birmanie. Des élections, pour quoi faire ? Reportage dans le royaume de Than Shwe.

Le pouvoir reste aux mains des militaires, même s'ils semblent approuver un dégel politique. Spécialiste du pays, le politologue Renaud Egreteau décrypte cette ouverture inattendue.

La junte militaire ayant lâché du lest, une cinquantaine d'opposants devraient faire leur entrée au Parlement à l'issue des législatives du 1er avril 2012. C'est encore loin la démocratie ?

Ils ont 20 ans et n'ont connu que la dictature militaire et ses privations. Le rap et Internet les aident à oublier ou... à combattre le régime en place. Les élections du 7 novembre ? Peu se font d'illusions. Et pourtant, qu'ils soient étudiants, musiciens, militants ou blogueurs, tous ont soif de changement et de liberté.

Les Birmans votent ce 1er avril 2012 : Aung San Suu Kyi, l'icône de la démocratie, doit faire son entrée au Parlement. Le symbole d'une perestroïka inattendue conduite par le président Thein Sein. Mais si, après un demi-siècle de dictature militaire, la population goûte à la liberté, les chantiers restent colossaux et l'armée tient encore les commandes.

Dans l'une des pires dictatures du monde, les militaires surveillent et contrôlent Internet, avec l'assistance technique du groupe français de télécommunications.

Alors qu'elle émerge de son isolement, la nation du Myanmar reste prise en tenaille entre dictature et timide ouverture.

Le nouveau gouvernement marche sur des oeufs. Il doit assurer la transparence d'un système verrouillé depuis cinquante ans par les militaires et les séides protégeant leurs intérêts financés.

Alors que, depuis deux années, rien ne semblait confirmer les spéculations sur l'ouverture ou le durcissement du régime birman - hormis les luttes internes pour le pouvoir -, des négociations conduites par le représentant de l'Organisation des Nations unies, M. Razali Ismail, ont abouti le 6 mai 2002 à la libération de l'opposante Aung San Suu Kyi.