Pour François Jullien, la pensée occidentale a laissé de côté Les transformations silencieuses, ces changements que nous vivons sans les voir

Détour, allusion, stratégie, yin et yang... Livre par livre, le philosophe François Jullien analyse les fonctionnements de la pensée chinoise et cherche ainsi de nouvelles perspectives pour penser notre impensé.

Notre pensée occidentale nous pousse à chercher le bonheur sans relâche. La sagesse chinoise, au contraire, invite à se rendre totalement disponible, à oser ne pas agir. Pour "nourrir sa vie" et être au plus près du but, justement sans l'avoir visé.

Précepte de ce sinologue réputé : la souplesse et la patience sont deux des qualités indispensables pour qui veut commercer avec l'Asie compliquée.

Philosophe et sinologue, professeur à Paris-VII, François Jullien dirige l'Institut de la pensée contemporaine. La pensée chinoise, à laquelle il s'est consacré, lui permet de revenir sur les partis pris de notre raison. Sans céder aux fantasmes de l'exotisme, il plaide pour un détour stratégique par la Chine qui mette au jour de nouvelles possibilités de penser.

François Jullien, professeur à Paris-VII, sinologue, helléniste, philosophe, nous explique dans ce numéro, à l'occasion de la parution de son dernier livre : De l'universel, de l'uniforme, du commun et du dialogue entre cultures (Fayard, 2008), les enjeux essentiels de sa recherche.

Ils sont tous les deux philosophes de formation, mais chacun a forgé sa propre méthode : Bruno Latour se sert de l'anthropologie, François Jullien de la sinologie.