Longtemps, le travail d'Ida Lupino comme réalisatrice a suscité indifférence, sinon mépris. Andrew Sarris, pape de la critique américaine au côté de Pauline Kael, n'hésita pas à écrire : "Dans les films qu'elle a réalisés, Ida Lupino a exprimé beaucoup de sentiments mais très peu de talent", avant d'en déduire que la mise en scène n'était pas une activité pour les femmes...

Les Films du Camélia organisent une rétrospective de quatre films d'Ida Lupino qui permet de redécouvrir le travail de cette cinéaste oubliée (pourtant la seule de l'âge d'or hollywoodien). dont la filmographie n'a jamais été aussi pertinente qu'aujourd'hui.

Outre son excellente carrière d'actrice, Ida Lupino a réalisé sept longs métrages, dont cinq ressortent ce mois-ci en version restaurée, tous produits par sa propre société, The Filmakers : "Not Wanted", "Never Fear", "Outrage", "The Bigamist" et "Le Voyage de la peur". Cinq films qui confirment qu'elle a été la plus grande des acteurs ou actrices de l'âge classique hollywoodien passés derrière la caméra.

Périodiquement, les films d'Ida Lupino sont montrés et admirés lors de festivals ou de rétrospectives (festival d'Amiens en 2005, Cinémathèque française en 2007, Institut Lumière en 2014...), sans que ces moments d'exposition ne conduisent à la reconnaissance durable d'une oeuvre qui fait d'elle, non une pionnière parmi les réalisatrices avec Dorothy Arzner, comme on le lit partout, mais simplement une grande cinéaste. La sortie en salles de cinq des sept films qu'elle a réalisés, que l'on ne peut qu'inciter à voir tous, permettra-t-elle de la faire plus largement connaître et aimer ?