En 1983, des jeunes de la cité organisaient la mémorable marche pacifique « pour l'égalité et contre le racisme ». Rencontre avec ces militants anonymes toujours actifs auprès des enfants du quartier.

En 1983, l’idée germait aux Minguettes, près de Lyon, après plusieurs mois de violences. À l’arrivée à Paris, ils seront plus de 100 000. Retour là où tout a commencé.

Le 3 décembre 1983, ces enfants d’immigrés maghrébins achevaient à Paris une marche entamée un mois et demi plus tôt à Marseille, pour dénoncer les discriminations et le racisme. Quarante ans plus tard, ces militants oscillent entre la fierté d’avoir porté ce combat et la désillusion face à un modèle républicain dont même leurs enfants se sentent parfois exclus.

L’antiracisme hérité des années 1980 avait à cœur de rassembler, privilégiant des mots d’ordre consensuels de tolérance et d’unité. Après les échecs de la politique de la ville, les mouvements se sont fragmentés et durcis, cédant à des logiques d’affirmation identitaire.

Il y a quarante ans, la Marche pour l'égalité et contre le racisme, souvent renommée « Marche des Beurs », soulevait l'espoir de toute une génération. Mais faute de se structurer, le mouvement s'éteindra. Et c'est SOS Racisme, association satellite du PS, qui en tirera avantage, sous le regard désabusé des marcheurs et marcheuses historiques.

Une centaine de lycéens ont marché contre le racisme, à côté de Lyon, en écho à la marche pour l'égalité qui avait traversé la France en 1983. C'était avant les révoltes urbaines de juin, et ça prend aujourd'hui une toute autre dimension. On y était.