Michael Löwy est directeur de recherche au CNRS. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages parmi lesquels: Rédemption et Utopie. Le judaïsme libertaire en Europe centrale (PUF, 1988), Révolte et mélancolie: le romantisme à contre-courant de la modernité (avec R. Sayre, Payot, 1992), Walter Benjamin: Avertissement d'incendie. Une lecture des thèses «Sur le concept d'histoire» (PUF, 2001).

Ce livre est une étude des rapports entre littérature, communisme et révolution, à partir de l'histoire, jusqu'ici peu connue, de l'«Internationale littéraire» : fondée à Moscou en 1920, cette organisation d'écrivains prolétariens et révolutionnaires a tenté pendant quinze ans, et dans tous les pays, de porter la lutte des classes jusque «sur le front» de la littérature. Idée alors nouvelle, qui divisait profondément les communistes eux-mêmes et qui témoigne de la vitesse à laquelle se sont développées, dans leurs rangs, la mentalité militante et la confusion entre littérature et «travail de parti». Tout cela s'illustre particulièrement dans le cas de la France, qui est au premier plan de cette étude : l'Internationale littéraire y a soutenu la cause militante, la poussant même, après 1929, à affronter ouvertement la tendance plus conciliante représentée par Barbusse, au risque de briser l'essor du camp révolutionnaire qui s'était formé chez les intellectuels français. Pour reconstruire cette histoire, les informations de la presse française de l'époque sont systématiquement comparées à celles que les revues russes et allemandes donnaient au même moment, ainsi qu'aux archives aujourd'hui accessibles à Moscou. Ces documents, pour une grande part inédits en France, placent dans une lumière nouvelle des épisodes tels que le conflit de Barbusse avec l'Internationale littéraire, le rôle des surréalistes au congrès de Kharkov et la rupture entre Aragon et Breton...

Ce livre ne doit rien, dès ses plus lointaines origines, qu’à une réflexion parfaitement solitaire, voire à contre-courant, sur la littérature, l’Histoire, l’idéologie... Il doit beaucoup à une expérience politique et pédagogique et scientifique liées et accumulées. Il doit beaucoup, a posteriori (j’y tiens ; je n’ai jamais pris de train en marche), aux Mythologiques de Claude Levi-Straus, (et il se voudrait une sorte d’ Idéologiques aujourd’hui), qui a tenu à me dire son approbation dès Balzac et le Mal du Siècle de mon approche des configurations littéraires ; au grand article de Georges Duby Histoire sociale et Idéologie des Sociétés, dans Faire de l’histoire I, ainsi qu’à ses Trois Ordres, dont je parlerai longuement ; au livre de mon camarade et ami Claude Prévost, Idéologie et Littérature ; au maître Louis Althusser ; à Lucien Goldman, qui ouvrit tant de chemins et dont je veux saluer la mémoire ; à Georges Lukacs qui, avec tout le marxisme, n’est-ce pas ? a radicalement cessé d’exister ; à mon rejet viscéral de toute une « nouvelle » critique si souvent bavarde, bricoleuse et anti-historique, envers honteux du vieux lansomsme qui s’accroche et s’obstine. Il se compose, évidemment et s’organise avec ce que j’ai essayé de faire par ailleurs sur Balzac, Stendhal, Chateaubriand et les problèmes que, de manière convergente, ils forcent à poser. Il doit enfin, last but not least, à Michel Morcrette, retrouvé après certaines lointaines années, et si proches, de Saint-Cloud, qui a eu l’idée (géniale !) de me demander de l’écrire.. Pierre Barbéris, né à Paris le 3 mai 1926 et mort à Luc-sur-Mer le 8 mai 20141, est un écrivain et critique littéraire français. Surtout connu pour ses travaux sur Balzac, mais aussi spécialiste de Stendhal et de Chateaubriand, son approche, fortement marquée par le marxisme, s'inscrit dans le sillage de Georg Lukács.