Le 20e siècle aura réussi ce paradoxe de cumuler la production de millions de morts, facilitée par l'industrialisation et la haute technologie des armements, et la déréalisation de la mort elle-même, refoulée et virtualisée au maximum aujourd'hui.

Crânes peints de couleurs chatoyantes, squelettes ornés de tissus et de pierres précieuses, reliques ornées de coquillages : une superbe exposition évoque les rites païens et chrétiens de la mort.

Crânes de saints ou crânes de martyrs, crânes d'ancêtres ou crânes d'ennemis. Métamorphosés en reliques dans le monde des vivants, ces crânes ont longtemps conservé un pouvoir magique dans l'Europe catholique et en Océanie.

Exhumés de collections publiques et privées de par le monde, plus de 200 objets - peintures, sculptures, photographies, moulages - témoignent d'une pratique oubliée qui fit fureur au XIXe siècle : fixer post mortem et pour l'éternité les traits d'un grand homme ou d'un être cher.

Elle hante les morgues et harcèle les cadavres. Par son travail obstiné sur la mort, l'artiste mexicaine interroge les sociétés et leurs limites.

Soixante-seize crânes peints, gravés, surmodelés, os, reliquaires, "présentoirs à crânes" constituent, dans une superbe exposition, le triomphe de la Mort.