La scène se livre cet automne 2008. Après Voix off, de Denis Podalydès, voici une anthologie réussie du théâtre du XIXe siècle et deux hommages au mythique Gérard Philipe

″Contrebandier de la littérature″ et explorateur entêté de son territoire intime, Georges Perros (1923-1978) nous offre une oeuvre en archipel : notes, poèmes et correspondance dessinent un autoportrait passionnant et émouvant.

A l'exception des "Poèmes bleus" et d'"Une vie ordinaire", tous les écrits de Georges Perros, l'auteur de "Papiers collés", sont sous le signe du fragment, et de la totalité : chaque fragment venant du monde extérieur et de lui-même, il l'a décollé ("tout le monde écrit, à partir de quand le décollement ?" s'interroge-t-il) afin d'être de plain-pied avec la part humaine de l'homo sapiens sapiens (double sagesse ?!), à supposer que cette part puisse trouver "le meilleur terme de l'échange".

Le nom de Georges Perros (1923-1978) est surtout associé à ses brèves notes pour la "Nouvelle Revue française", réunies sous le titre "Papiers collés". Ce gros volume d'Oeuvres rassemble une production infiniment plus vaste, soutenue par une extrême rigueur intellectuelle, entre austérité et détachement.

On connaissait ses correspondances avec Grenier, Paulhan ou Butor. Voici, en recommandé, celles qu'il échangea avec Brice Parain et Carl Gustaf Bjurström.

Après les lettres de Georges Perros à Grenier, Roudaut, Paulhan et Butor, voici, inédites et magnifiques, celles qu'il échangea avec Bernard Noël.

Georges Perros (1923-1978) fait partie d'une discrète, émouvante et rare constellation d'écrivains peu enclins à faire oeuvre. Ecrire ne fut pour lui ni un métier ni un projet mais une manière de se livrer à une longue confidence. Il écrivit beaucoup, mais sans faire l'écrivain. Prolixe mais sans aucune fierté de vocation, du genre roseau qui ondoie comme vient le vent. La simplicité lui était ligne d'écrire autant que ligne de vivre. Il lui suffisait de jouer du talent qu'il avait, naturellement.

Lorsque la correspondance commence, en 1960, Georges Perros a quitté le Paris littéraire pour la Bretagne tandis qu'Henri Thomas s'en éloigne régulièrement - pour exister ailleurs. Dans l'une des toutes premières lettres, Perros écrit : "Nous nous sommes déjà rencontrés, il y a maintenant quelques années, mais dans un endroit où les hommes n'ont qu'une hâte : se fuir. Je veux dire le bureau de la NRF."