Sans grande expérience politique, militaire sans envergure, en quatre années de pouvoir, Abdel Fattah Al-Sissi a échoué dans tous les domaines. Et pourtant il sera réélu président, le 26 mars 2018, dans un pays hostile au changement. Sommaire. Sissi, despote ordinaire. Un pays écrasé par l'appareil sécuritaire. Les droits de l'homme sont un "luxe"

L'écrivain Lawrence Durrell l'avait surnommée la "Capitale de la mémoire". Soixante ans après la publication du "Quatuor d'Alexandrie", la cité semble l'avoir perdue. Le patrimoine Belle Epoque disparaît sous les bulldozers pendant que le régime d'Al-Sissi réprime à tout-va. Pourtant, des artistes, des intellectuels, des guides et même des hommes d'affaires tentent de préserver le legs de cette ville qui fut la plus ouverte d'Egypte. Et de faire perdurer un peu de l'esprit du "printemps arabe".

Des centaines d'Egyptiens ont bravé l'interdiction de manifester pour réclamer le départ du président Sissi... à l'appel d'un homme d'affaires en exil qui dénonce la corruption du régime militaire.

Le chef de l'Etat aurait-il, comme son prédécesseur Hosni Moubarak, succombé à la tentation de faire de son fils aîné, 38 ans, déjà cadre tout-puissant des services de renseignements, un numéro deux qui ne dit pas son nom ?

A la veille de l'élection qui va reconduire le maréchal dictateur Sissi à la tête du pays, la répression, après avoir ciblé les ONG et les homosexuels, se concentre désormais sur les non-croyants.

À une cinquantaine de kilomètres à l'est du Caire, les autorités égyptiennes dotent le pays d'une nouvelle capitale devant incarner une modernité présentée comme « verte et vertueuse ». Porté par le régime militaire du président Abdel Fattah al-Sissi (depuis 2014), ce mégaprojet repose sur une consommation élevée de ressources suivant un modèle importé des monarchies du Golfe, dont dépend financièrement une Égypte en pleine crise économique.

Alors que le canal de Suez a rapporté 7,5 milliards d'euros à l'Égypte en 2022, un record, le gouvernement envisage de céder aux entreprises privées, y compris étrangères, une partie de la gestion de ce passage stratégique du commerce mondial. L'importance économique qu'il revêt pose la question de la pérennité du modèle rentier et, plus largement, celle de la crise économique et politique à laquelle fait face le régime d'Abdel Fattah al-Sissi (depuis 2014).

Lois liberticides, blocages de sites Internet, harcèlement et arrestations... Sous la férule du président Al-Sissi, au pouvoir depuis bientôt dix ans, les conditions de travail des journalistes se sont encore dégradées.

Volonté de désengorger Le Caire, obsession sécuritaire, folie des grandeurs... Le président autocrate égyptien est en train de bâtir, au milieu de nulle part, une nouvelle capitale sept fois plus grande que Paris !

Depuis l’arrivée au pouvoir du général Abdel Fattah Al-Sissi en 2013, l’Égypte connaît un net recul en matière de libertés et de respect des droits humains. Cette résurgence autoritariste s’accompagne d’une obsession du contrôle de l’espace public qui aggrave la ségrégation entre classes populaires et couches aisées de la population.

La survie d’Al-Sissi à sa tête dépend plus que jamais du bon vouloir de ses “parrains” arabes, Arabie saoudite et Émirats arabe unis. Si Al-Sissi gouverne l’Égypte d’une main de fer, il a cependant failli, en neuf ans, à répondre à la principale promesse qu’il avait faite aux Égyptiens : la prospérité économique.