Au moment où les révolutions égyptienne et tunisienne sont au milieu du gué, plusieurs enseignements peuvent déjà être tirés des bouleversements historiques qu'a connus la région.

Autour d'une salade au poulet et à l'avocat, l'ex-première dame du Qatar nous parle de son empire universitaire en pleine croissance, de l'hypocrisie des étrangers, et nous dit pourquoi selon elle les Printemps arabes ne sont pas achevés.

Selon Ibn Khaldoun, l'Etat se construit par l'impôt et la sédentarisation de sa population, sous la menace latente des tribus avoisinantes dont les réserves de violence peuvent consolider ou détruire le pouvoir en place. Sa théorie permet de lire l'évolution actuelle des pays arabes, mais aussi par exemple celle de l'Amérique latine, dans une autre perspective que celle d'une démocratie uniforme et universelle. Ce qui mérite discussion.

Depuis le début des révoltes au Machrek et au Proche-orient, ce que l'on dénommait jusqu'ici avec dédain ℗ la rue arabe ® s'est transformé en ℗ peuple ®, toutes classes sociales et toutes tranches d'âge confondues. Les revendications sont simples et claires, loin de tout jargon idéologique et de toute tentation démagogique, religieuse ou particulariste.

Pour cet historien, l'élan démocratique qui bouscule les despotes et décrédibilise les islamistes armés ouvre des perspectives politiques inédites au Maghreb et au Moyen-Orient.