Le préromantisme est une appellation attribuée à la période qui va de la mort de Rousseau (1778) à la publication des Méditations poétiques de Lamartine (1820). Riche en bouleversements politiques, cette période a engendré une littérature originale, même si elle n'a pas fait école. Son unité est l'équilibre des contraires : la tension entre un classicisme et une volonté de dire l'intime.

Passé inaperçu lors de sa parution en 1804, ce n'est qu'avec l'époque romantique que ce livre trouva son public, surtout à la suite de l'éloge qu'en fit Sainte-Beuve... Par sa matière même, faite de descriptions de la nature, de songeries nostalgiques et douloureuses devant la réalité, elle tient davantage du journal intime que du roman...

Extr. de la préf. ; "Entreprendre une enquête sur l'idée d'énergie dans la littérature et la pensée françaises de 1770 à 1820, c'est se heurter d'emblée à un double problème. Existe-t-il une idée d'énergie, couvrant les diverses valeurs prises par le terme ? Si le statut scientifique de l'énergie peut être déféni a posteriori, qu'en est-il dans les domaines philosophique, moral ou littéraire ? Qu'y a-t-il de commun entre ces développements sur l'énergie de la langue, de la matière et de l'âme ?"

Le martinisme est un courant de pensée ésotérique, rattaché à la mystique judéo-chrétienne. Ce courant de pensée remonte à Joachim Martinès de Pasqually, fondateur en 1761, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers, puis à son secrétaire, Louis-Claude de Saint-Martin, dit « le philosophe inconnu », célèbre par son livre Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers (1782). Le mot « martinisme » joue donc habilement sur les noms propres « Martinès » et « Saint-Martin ».

Ce livre propose de dépasser les dualismes habituels par lesquels on définit, faute de mieux, la période dite préromantique (1760-1820), sans pour autant recourir à l'idée rebattue de crise. Les études qu'il renferme ouvrent une voie en explorant quelques-uns des phénomènes de décalage caractéristiques de ce moment particulier de l'histoire littéraire. Le décalage se révèle en effet un concept efficace: son historicité tient précisément aux enjeux littéraires et idéologiques qui (sous-)tendent la période. De fait, et sans que cela paraisse paradoxal, le préfixe pré-, si judicieusement mis en cause par la critique, se pare au bout du compte d'un sens étonnamment renouvelé.