Au-delà des problèmes de compressions budgétaires et de recrutements de jeunes chercheurs, la grogne croissante des scientifiques français révèle un malaise vis-à-vis de l'organisation de la recherche et de ses orientations.

L'urgence n'est pas tant de "sauver la recherche" que de trouver une politique en prise sur le monde d'aujourd'hui où public et privé s'appuieraient l'un sur l'autre, de la recherche fondamentale aux brevets de la technoscience.

Chercheurs, intermittents et médecins en colère ont raison d'exiger plus de moyens. Encore faut-il que cet effort budgétaire s'accompagne de réformes... qui ne seront pas toutes indolores.

Manque de moyens, dysfonctionnements... Le ton monte entre le monde de la recherche et l'Etat. Le point sur un conflit aux racines anciennes.

Pionnière en matière de cartographie du génome humain il y a dix ans, la France s'est laissé distancer depuis. Premier du genre, le génopôle d'Evry vise à rattraper ce retard. Etat des lieux.

Jean-Jacques Salomon dénonce ici avec vigueur le mépris avec lequel est traité, en France, la recherche scientifique ; il dénonce son manque de moyens et les dangers que cela présente pour l'avenir à moyen et à long terme. Mais il va plus loin et propose un véritable plan pour relancer la recherche, le développement et l'innovation, en soulignant qu'il ne suffit point de lui allouer plus d'argent mais qu'il faut aussi réformer en profondeur l'organisation de la recherche ainsi, du reste, que le modèle français d'éducation.

Ainsi que nous l'avions annoncé en juin dernier, "Futuribles" prolonge la réflexion engagée avec Jean-Jacques Salomon sur l'avenir de la recherche en France.

L'Agence nationale de la recherche, un acteur majeur du financement de la science française, fait l'objet de nombreuses critiques. L'astrophysicien Patrick Petitjean présente des pistes de réflexion pour améliorer ce système.

Désormais, les sites de recherche français devront trouver des financements locaux, car l'effort national portera sur les grands programmes internationaux. Une évolution annoncée par l'Insu lors de son colloque de prospective fin 2009, et déjà amorcée par nos observatoires.

Dans le numéro précédent, Jean Labarre présentait une version très négative du financement par projets, que la France a choisi de mettre en place notamment via l'Agence nationale de la recherche (ANR), créée en 2005. Le chercheur y critiquait notamment deux des facteurs qui influencent fortement la sélection des projets : le mandarinat et la visibilité des publications, allant même jusqu'à proposer de dissoudre I'ANR. Autre chercheur, autre son de cloche. Pour Franck Chauvat.