Leur guerre d'usure contre le gouvernement islamo-conservateur finissant par lasser l'opinion, les militaires changent de stratégie... médiatique

Et si la haute hiérarchie militaire était en train de perdre l'interminable bras de fer qui l'oppose au gouvernement islamo-conservateur ?

Les révélations de la presse turque montre que, depuis la victoire électorale des islamistes modérés, l'armée n'a cessé d'échafauder des scénarios pour renverser le nouveau pouvoir.

Depuis 2002, date de l'arrivée au pouvoir des islamistes modérés, l'armée turque a beaucoup perdu de son aura. Reste que son élimination du pouvoir ne suffit pas à garantir la démocratie.

Portant sur la période allant de la « révolution jeune turque » au coup d'Etat de 1980, cet article émet l'hypothèse que, bien que disposant d'importants moyens de contrainte et d'action lui conférant un statut suprasocial, l'armée manque souvent de cohésion interne. Ses interventions, directes ou indirectes, sont autant de réponses aux crises, qu'elle peut porter à leur paroxysme, mais qu'elle ne maîtrise pas toujours.

L'espoir d'une adhésion à l'Europe avait favorisé des avancées démocratiques. Mais, au nom de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement d'Ankara renoue avec les pratiques des années noires.

La mise au pas des militaires, désormais aux ordres du pouvoir civil, est une révolution dans un pays où l'armée a depuis toujours imposé sa tutelle sur la vie politique.

La justice mise au pas, les services de renseignements au pouvoir et de nouvelles lois liberticides en préparation : le gouvernement d'Ankara rappelle de plus en plus ceux de Damas et de Bagdad.