Et pas de Freud sans fumée? Sans doute, si l'on suit à la trace le parcours douloureux de la relation qu'entretient tout au long de sa vie l'inventeur de la psychanalyse avec son cigare : du propre aveu de Freud, le tabac fut la condition sine qua non de l'élaboration de son oeuvre...

Première cause de mortalité mais aussi première addiction dans le monde, le tabagisme suscite un débat essentiellement de santé publique passant par sa dénormalisation et par les différentes politiques de restriction de son usage. Derrière les volutes de fumée et les affiches d'interdiction, le fumeur apparaît discrètement. Le monde médical et cognitivo-comportemental parlent [sic] pour lui, restant obéissant indirectement, à un modèle sociétal de la consommation et de la maîtrise des coûts de santé. Libérer ses pulsions tout en les refrénant, voilà le message schizophrénogène d’un Big Brother. Alliant psychanalyse, philosophie et anthropologie, cet ouvrage vise à explorer les sentiers perdus du fumant, cette action singulière d’inhaler une fumée qualifiée de toxique mais dont les vertus apaisantes cachent une pharmacologie inconsciente de la contenance de ‘l’innommable. La cigarette est l’arbre qui cache une forêt brumeuse où le temps, l’espace, la socialité, la narrativité et le corps ventilé des fumants sont étudiés. Un ouvrage qui permet de comprendre notre société et la gestion ambiguë de ses interdits.