De l'attaque contre "Charlie Hebdo" aux attentats du 13 novembre, 2015 fut une année sombre. Pourtant, dans ce contexte dramatique ont émergé des figures solaires. Comme Lassana Bathily, ce jeune Malien de 25 ans, porté en héros après la prise d'otages de l'Hyper Cacher de Vincennes. Comme, aussi, les téméraires passagers du Thalys. Ou ces milliers de bénévoles qui, de Calais à Lesbos, portent secours aux réfugiés. Des citoyens ordinaires qui, par leur courage et leur engagement, donnent des raisons d'espérer.

Après l'attaque de "Charlie Hebdo", des centaines de milliers d'internautes ont suivi les événements sur le live du "Monde". Un nouveau genre journalistique qui réussit à concilier immédiateté et vérification de l'information.

Ils s'appellent Myriam, Sylvain, Mohamed, Rodolphe... Ils habitent dans l'Est parisien ou y travaillent. Ce vendredi 13 novembre 2015, ils ont ouvert leur porte, se sont arrêtés dans la rue pour abriter, soigner, réconforter. Et parfois sauver des vies.

Ils sont américains, libanais, algériens, espagnols, russes ou chinois. Par choix, opportunité ou obligation, ils ont élu domicile à Paris. Autant, parfois plus que la Français, ils ont été bouleversés par les attentats. Mais aucun de ces expatriés n'envisagent de quitter sa ville d'adoption.

Après les attentats du 13 novembre, Twitter, Facebook ou Instagram ont relayé une multitude d'hommages et de messages de fraternité, une "chapelle ardente" virtuelle, emblématique d'un nouveau mode de communication où se mêlent l'intime et le public.

L'ADN a fini par parler. Le complice d'Abdelhamid Abaaoud, qui s'est fait exploser lors de l'assaut à Saint-Denis, a été identifié le 14 janvier 2016. Le résultat du travail mené sans relâche par la police scientifique depuis les attentats de Paris. Ces experts ont ouvert à "M" les portes de leurs laboratoires, à Ecully, près de Lyon. En recoupant leurs méthodes d'investigation et les éléments de l'enquête judiciaire, notre journaliste explique comment les policiers s'y prennent pour faire la lumière sur les attaques du 13 novembre.

Malgré les attentats, malgré le deuil, malgré le traumatisme, les bars et les restaurants parisiens touchés le 13 novembre rouvrent peu à peu. A La Belle Equipe, dans le 11e arrondissement, où vingt personnes ont été tuées, les travaux ont commencé. Une difficile reconstruction pour le patron Grégory Reibenberg qui a perdu la mère de sa fille.

Denis Peschanski est historien et directeur de recherche au CNRS. Il codirige avec le neuropsychologue Francis Eustache le programme « 13-Novembre » qui vise à recueillir les témoignages de 1 000 personnes touchées de près ou de loin par les attentats du 13 novembre 2015.

Grégory Reibenberg, patron du café de la Belle Equipe, a perdu une vingtaine de proches. Il publie un livre sur "l'après".

L'attentat qui a décimé la rédaction de "Charlie Hebdo", le 7 janvier 2015, et, deux jours après, l'attentat antisémite visant un magasin casher, ont provoqué un choc exceptionnel au sein de la société française. Ils ont suscité une réaction non moins exceptionnelle avec les manifestations géantes du 11 janvier, dont "l'esprit", au demeurant fort difficile à déchiffrer, est devenu depuis lors l'objet d'une incantation rituelle. Ces événements hors norme ont ouvert une série de questions dont les réflexions réunies ici se font l'écho.

En dehors du cercle de l'enfer propre aux faits, l'extrême violence d'une attaque froide et massive, avec explosifs et armes de guerres, en plein coeur d'un espace de paix et de détente, est rarement perçue par la majorité des habitants d'une grande ville comme sur une scène de tragédie grecque. Du quartier lointain, l'habitant n'apprend le plus souvent l'explosion de la bombe et le désastre de la mort collective que par l'écran (celui d'une télévision ou de son portable).

Les actes terroristes qui ont frappé Paris au mois de janvier 2015 et la réaction sociale qu'ils ont suscitée auront nécessairement des conséquences politiques, sans qu'on puisse encore dire si celles-ci prolongeront ou non les premières tendances observées à chaud. Plusieurs traits inédits, voire inouïs, de ces événements marquent une secousse en profondeur et plaident pour des changements durables.