Jouant au calife ottoman qui veut rétablir un ordre islamique au Moyen-Orient, le Premier ministre s'est attiré la haine et la méfiance de tous les pays de la région.

Entre Daech, réfugiés et dicature, plongée au coeur d'un Etat clé. Sans oublier la lutte acharnée du pouvoir turc contre les Kurdes. La situation actuelle renvoie également aux enjeux géopolitiques noués au début du 20e siècle. Explications.

Après le coup d'Etat militaire raté, le président turc mène une purge sans précédent dans l'appareil d'Etat. Tandis que la société se fragmente, le pays tourne de plus en plus le dos à l'Europe, explique ce directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Longtemps en froid avec Américains, Européens, Israéliens, Russes, Egyptiens et Syriens, Recep Tayyip Erdogan entreprend de rompre son isolement. Trois questions à Bayram Balci, chercheur franco-turc au Ceri-Sciences-Po, à Paris : "Peu de chances que Bachar lui pardonne".

Le bombardement des Kurdes de Syrie accroît encore les tensions entre Ankara et Moscou.

La Turquie est de plus en plus prise dans l'étau dun autoritarisme de matrice islamiste et nationaliste, et le régime, mis en place depuis plusieurs années désormais par l'actuel président de la République turque et par son Parti pour la justice et le développement (AKP), continue d'apparaitre solide et en mesure de recueillir autour de lui un consensus social majoritaire.

Déterminé à provoquer des élections anticipées, le gouvernement turc s'en prend aux Kurdes, qui lui avaient fait perdre sa majorité absolue lors des législatives de juin 2015. Et, pour calmer les éventuelles critiques de ses alliés occidentaux, bombarde quelques positions de Daesh en Syrie.

Le président turc va asseoir son pouvoir absolu sur le pays, redoute Can Dündar, le rédacteur en chef du quotidien d'opposition "Cumhuriyet". Laminé par les coups d'Etat successifs, un mouvement de gauche pourra-t-il renaître et tenir tête au despote islamiste ?

« Zéro problème » avec les voisins, tel était l'objectif de la politique étrangère du Parti de la justice et du développement (AKP). Mais les « printemps arabes » ont bouleversé la donne régionale, et la Turquie se trouve désormais en froid avec la Syrie, l'Arabie saoudite, l'Iran et l'Egypte. Alors que le régime connaît une dérive autoritaire, le choix de la « solitude dans la dignité » constitue-t-il une option ?