Dans le paysage littéraire du XXe siècle, la situation éminente de l’œuvre de Marguerite Yourcenar n'est pas contestable. Voici un écrivain fréquentant historiens, poètes, romanciers, peintres, penseurs de tous siècles et de tous horizons culturels et spirituels, qui parcourt les territoires littéraires les plus variés, dont la langue, tantôt classique, sobre et abstraite à l'excès, tantôt maniériste ou baroque, surprend tant elle est en décalage avec ses contemporains. Une direction constante assure pourtant une cohésion à cet ensemble : l'écrivain s'est fixé la tâche de faire de ses ouvrages un espace d'accueil de toutes les expressions du souci de soi. Le "moi" yourcenarien se reconstruit en croisant d'autres parcours, d'autres paroles sur soi-même en les identifiant, en les assimilant, en les réécrivant et en programmant leur effacement... l'arbre lui-même se prend à signer. Une lecture savante de l’œuvre de Marguerite Yourcenar.

Hélène Marchand, Ph.D. (sémiologie de la littérature) enseigne la littérature française au Collège de Bois-de-Boulogne et la littérature au département d'Etudes littéraires de l'Université du Québec

Extr. : "Le premier roman, la première pièce, les premiers poèmes verront leur statut se modifier avec le temps. Plutôt, ils vont acquérir un statut véritable : au-delà de leur nature, une fonction"