Les vacances d’été sont la saison des festivals de musique. Couleur Café, Rock Werchter Esperanzah !, Pukkelpop… chacun a sa saveur et fera vibrer les mélomanes au son de pop rock, de metal, de hip hop ou de classique. Mais s’il y en a un qui reste dans le cœur des Liégeois, il s’agit des Ardentes. Ce festival, né en 2006, avait pour tête d’affiche le groupe Indochine, dont la performance avait clôturé l’évènement. Son chanteur, Nicola Sirkis, a toujours su fédérer autour de ses textes aussi bien les jeunes que les moins jeunes, mais peu sont au courant que ce Français ayant grandi à Bruxelles était aussi l’auteur d’un recueil de nouvelles publié en 1998, Les Mauvaises Nouvelles.
Sirkis est loin d’être le seul artiste à être passé de la musique à la littérature (ou vice versa). La frontière entre l’art des mots et l’art des notes a toujours été poreuse, en témoigne l’existence même de la poésie ou du théâtre. Le prolifique Boris Vian est le meilleur exemple d’auteur ayant produit à la fois des textes destinés à être lus et des textes destinés à être écoutés, mais nous pourrions en citer bien d’autres, et ce dans des genres très variés : Madonna et Mylène Farmer se lançant dans les albums jeunesse (avec respectivement Les Rose Anglaises et Lisa-Loup et le Conteur), Maître Gimms signant le manga Devil’s Relics,… Mathias Malzieu est l’auteur d’une dizaine de romans et recueils, dont certains ont inspiré les album de son groupe, Dyonisos. Son œuvre la plus connue, La Mécanique du Cœur, que l’on peut découvrir sous divers formats (album de musique, roman, album illustré pour la jeunesse, film), fait intervenir d’autres artistes qui eux-même se sont essayés à l’écriture, tels Grand Corps Malade ou Olivia Ruiz.
Dans le sens inverse, on retrouve parmis les écrivains ayant prêté leur plume à des musiciens Jean Cocteau, Jean-Paul Sartre, Raymond Queneau, Colette, Jacques Prévert, Patrick Modiano, Amélie Nothomb… Pendant ce temps-là, Neil Gaiman collabore avec Alice Cooper sur un comic, The Last Temptation. La bande dessinée, par ailleurs, n’est pas la dernière pour puiser son inspiration dans la musique. De talentueux dessinateurs revisitent à coups de crayon les chansons de Renaud, de Serge Gainsbourg, de Francis Cabrel oude Jean-Jacques Goldman,… ou encore offrent leur version de Carmen, l’opéra de Georges Bizet (lui-même une adapation d’une nouvelle de Prosper Mérimée). Sans oublier ceux qui romancent et mettent en images la biographie d’un musicien (tel Steve Horton contant le parcours de David Bowie).<:p>
Enfin, le monde de la musique peut être la toile de fond de récits originaux : Scott Pilgrim (Brian Lee O’Malley), Nana (Ai Yazawa), Perkenos, les Notes Fantômes (JP Ahonen et KP Alare), La Nuit est mon Royaume (Claire Fauvel), En Falsh (Oz et Sanchez). La musique est donc une passion qui va au-delà du rythme et de la mélodie, et qui peut se prolonger jusqu’aux rayonnages d’une bibliothèque.
[Par Florence et Fabrice, de l'Opérateur d'Appui]