Hostiles aux méthodes de leur nouveau propriétaire Reworld Media, neuf rédacteurs titulaires (sur dix) de la publication « Science & Vie » ont démissionné du mensuel scientifique à la suite d’Hervé Poirier, ancien directeur de rédaction parti en octobre dernier. « La nouvelle organisation adoptée suite à cette vague de départs pourrait porter un coup fatal à un magazine qui, depuis plus de cent ans, est une référence dans le traitement et la vulgarisation de l'information scientifique », déplorait la Société des journalistes du mensuel fondé en 1913 et comptant plus de quatre millions de lecteurs.
La rentabilité plutôt que la qualité
Depuis lors, le travail et la « quasi-totalité de la rédaction des articles » sont confiés à des pigistes, sans « équipe rédactionnelle interne ». En outre, « la conception et la réalisation des hors-séries ont été entièrement externalisées et confiées à l'agence Com'Press ». Le site internet est désormais alimenté par des « chargés de contenus » non-journalistes. « Normalement, toute information qui est publiée sur le site est passée au prisme de journalistes indépendants, qui interviewent des chercheurs et ont un regard critique », pointait Hervé Poirier. Aujourd'hui, les « chargés de contenu » ont « une heure pour produire l'information et l'afficher sur Google News ». L’ancienne rédaction dénonçait aussi la tendance de Reworld à confondre espaces publicitaires et contenus éditoriaux.
Est-ce la mort cérébrale d’une institution de la vulgarisation scientifique ? En tout cas, l’équipe qui a démissionné en bloc à la suite du rédac’chef (un fait rarissime dans la presse) n’a pas baissé les bras et a œuvré à la création d’un nouveau magazine scientifique qui sort en ce mois de juillet 2021 : « Epsiloon ».
Un nouveau magazine : Epsiloon
Voici ce qu’en dit France Inter : « Dans Epsiloon, dont la direction a mis en place une charte et un comité d'indépendance éditoriale, place à l'actualité scientifique, aux enquêtes, mais pas aux opinions. Ingénieurs, généticiens, physiciens, statisticiens, paléontologues, planétologues, épidémiologiques… 89 scientifiques du "monde entier" ont été interrogés pour élaborer le magazine. Des "histoires de science" nourrissent ce premier numéro, comme un long dossier sur le "secret" du triomphe des génétiques des arbres (ils sont trois milliards sur Terre et 60 000 espèces différentes). Ou la "crise d'ado", point commun que nous partageons donc visiblement avec tous les vertébrés, chiens, souris ou chimpanzés.
Enfin, et c'est une info dont on n'avait pas entendu parler avant, une enquête qui fait la "une" de ce numéro 1 sur cet objectif chinois : déclencher des pluies artificielles, grâce à des avions, des roquettes et des fusées. "Manipuler la météo", un moyen de faire face aux sécheresses (mais aussi nettoyer l'air pollué, produire de l'énergie, refroidir l'atmosphère, protéger des cultures ou éteindre des incendies, favoriser le tourisme) qui pourrait se développer bien au-delà de l'empire du milieu dans les prochaines années. Fascinant autant qu'inquiétant ».
« Epsiloon » : un nouvel outil en bibliothèque ?
Rappelons par ailleurs le rôle de conservation des périodiques assuré communément par les Bibliothèques centrales des différentes provinces wallonnes. Celle de Liège est « pôle de conservation » pour 379 périodiques.
Pour la consultation, l’Opérateur d’appui collabore avec Périoclic.be (voir les onglets sur notre portail).