En juin, la Loya Jirga, ou Grand Concile, devrait se réunir en Afghanistan pour désigner le nouveau gouvernement de transition.

Quinze mille soldats américains, aidés par deux supplétifs des troupes alliées, tentent, sans grand succès, d'assurer un semblant d'ordre en Afghanistan. L'élection présidentielle du 9 octobre 2004, voulue par Washington, sera bien capable de ramener la paix dans un pays partagé entre seigneurs de la guerre tout-puissants.

Interrogé par « Le Monde » sur le départ, prévu en 2014, des troupes occidentales d'Afghanistan, l'ambassadeur russe à Kaboul n'a pu s'empêcher d'évoquer l'expérience - et les erreurs - de l'Union soviétique dans les années 1980. Mais il y a trente ans, l'URSS s'appuyait sur un mouvement communiste autochtone. Lequel, indocile et divisé, a précipité l'engagement de Moscou dans un conflit meurtrier.

Le départ de la quasi-totalité des troupes américaines et de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) d'ici au 31 décembre 2014 marque la fin d'une intervention commencée il y a treize ans, au lendemain du 11-Septembre. Aucun des objectifs proclamés par Washington n'a été atteint : ni la démocratie ni la stabilité. Et les talibans menacent le fragile pouvoir installé à Kaboul.

Sept ans après la chute des talibans, ni la communauté internationale ni le gouvernement afghan n'ont été à la hauteur des espoirs qu'ils avaient suscités. Et les Afghans souffrent toujours autant des rivalités claniques, de l'incompétence de leurs dirigeants, et surtout de la corruption.

Les bombes et la tentative d'assassinat du nouveau président Hamid Karzaï viennent de le prouver : un an après le 11 septembre, la chute des talibans et l'intervention américaine, à l'heure où tous les regards se tournent désormais vers Bagdad, rien n'est encore gagné à Kaboul.

Les tractations sur l'après-talibans en Afghanistan sont en cours. Les Américains semblent avoir négligé quelques détails d'importance : le poids des structures tribales dans la société afghane, la tradition pachtoune.

"Si vous faites des prisonniers talibans, suivez l'exemple de massoud, ne les tuez pas".

Même si certains notables locaux et seigneurs de guerre renâclent encore devant l'instauration du nouvel ordre, le pays a, pour la première fois de son histoire, une chance de devenir le terrain de la coopération internationale après avoir été si longtemps celui de la confrontation.

Après la chute des talibans, en 2001, la communauté internationale a raté le coche de la reconstruction. Et l'Afghanistan, l'une des priorités de Barack Obama en politique étrangère, est aujourd'hui un pays ravagé par la corruption, l'incurie et l'incompétence.

Les Afghans désignent leur nouveau président. Un scrutin à haut risque, sous la menace constante des talibans, et qui ne devrait pas modifier le cours d'une guerre de plus en plus sanglante