Alexandre le Grand, conquérant du plus grand empire de l'Antiquité, a répandu la civilisation grecque jusqu'en Asie. Pourtant, lui-même ne venait pas de Grèce, mais de Macédoine, un royaume situé au nord de la Grèce. Et les Grecs considéraient les Macédoniens comme des Barbares, des gens étrangers à leur civilisation ! La Macédoine étant dépourvue de vestiges monumentaux visibles, l'idée a longtemps prévalu que les archéologues n'avaient rien à y trouver. Les découvertes exceptionnelles de ces dernières décennies prouvent tout le contraire.

En quinze ans, Alexandre conquiert le plus vaste empire de l'Antiquité. Parti de Macédoine, une région nichée au nord de la Grèce, le jeune roi parvient à s'emparer de l'Empire perse, qui s'étend alors de l'Egypte au Pakistan.

Le témoignage de Plutarque dans le traité "Sur la fortune ou la vertu d'Alexandre" et de bien d'autres textes montrent néanmoins que la postérité a surtout retenu l'image du roi civilisateur, qui porte en Orient (en "Asie", comme dit Plutarque) la "paideia" grecque. Cette notion complexe (cf. Legras 2002 ; Pailler & Payen 2004), que l'on peut rendre par "culture", désigne un ensemble de pratiques ancrées dans la cité, qui en tissent la trame tout à la fois politique, sociale, culturelle et religieuse.

Au musée du Louvre, l'exposition ″Au Royaume d'Alexandre le Grand″, la Macédoine antique, met en lumière une des périodes les plus importantes de la civilisation grecque ancienne. Plus de 500 objets, dont certains encore jamais vus, mis au jour au cours des trente dernières années par les archéologues grecs, retracent l'histoire de la Macédoine depuis l'âge du Bronze jusqu'à la fin de l'Empire romain.

Au nord-est de l'Afghanistan, la cité d'Aï Khanoum est l'un des plus beaux témoins du rêve d'Alexandre le Grand de faire se rencontrer Orient et Occident. Capitale régionale et résidence royale aux IIIe-IIe siècles av. J.C., fondée dans le sillage du conquérant grec, Aï Khanoum a été découverte par les archéologues au XXe siècle. L'organisation urbaine, le raffinement architectural et la grandeur des bâtiments racontent aujourd'hui sa brève gloire.