Frédéric Schäfers explique que si Berlin a toléré des mesures de souplesse par rapport aux principes fondateurs cest pour sauver leuro, mais il ajoute que ces mesures daide doivent être temporaires

Le point, en décembre 2011, sur la germanisation de l'Europe, dans le contexte de la crise économique et budgétaire au sein de l'Union européenne. Première puissance économique et financière du continent, l'Allemagne semble désormais être le seul pays capable de ramener la paix. Une domination et une puissance qui toutefois effraient ses voisins affaiblis. Parmi ses propositions : contrôler davantage les recettes, si l'on mutualise les dettes.

Grèce, croissance, couple franco-allemand : François Hollande joue déjà sa crédibilité en première semaine.

L'Allemagne est aujourd'hui la locomotive économique de l'Europe. Il y a dix ans, la situation était toute autre : l'Allemagne était considérée comme « l'homme malade » de l'Europe. La perte de compétitivité de son économie était en effet particulièrement inquiétante. Le diagnostic fait à l'époque notamment par le Conseil des Sages était sans équivoque : les dysfonctionnements du marché du travail et d'une protection sociale très généreuse n'incitant pas au retour en emploi avaient affaibli l'économie.

General Motors refuse, finalement, de se séparer de sa filiale allemande. L'humiliation est cuisante pour la chancelière, tout juste réélue. Elle s'était personnellement impliquée dans le dossier, en dépit du bon sens économique.

En tentant, de manière unilatérale, de limiter la spéculation sur les dettes souveraines, l'Allemagne a provoqué la chute de l'euro.

En attaquant Merkel, des socialistes mettent Hollande en colère.

Merkel agace quand elle décide l'austérité, elle irrite quand elle annonce la relance. En attendant, la vista made in Germany fonctionne... sans la France.

Peter Hartz a pensé les réformes du marché du travail outre-Rhin. Dix ans plus tard, il sort de son silence pour ″Le Point″.

La doctrine économique adoptée par l'Allemagne en matière monétaire et budgétaire n'est pas toujours facile à comprendre pour ses partenaires de l'Union européenne (UE). Ces derniers l'interprètent souvent comme une forme de rigorisme inflexible. Les raisons qui poussent l'Allemagne à suivre une telle politique sont pourtant nombreuses. Le rétablissement des grands équilibres économiques - stabilité des prix et équilibre des finances publiques - fait partie des devoirs constitutionnels et, depuis des décennies, est inscrit dans les gènes des partis politiques de droite comme de gauche.

La renaissance de l'économie allemande, il y a environ dix ans, est très souvent attribuée aux réformes du marché du travail, dites réformes Hartz (2002-2005). Si l'on tient compte du contexte dans lequel celles-ci ont été appliquées, cette analyse est plutôt contestable. En effet, l'élargissement de l'Union européenne vers l'Est a joué un rôle essentiel. Le fait de pouvoir délocaliser à grande échelle la production des usines allemandes a modifié l'équilibre des forces entre syndicats et patronat.