Luc Long est archéologue en eaux troubles, celles du Rhône et des rivages de la Camargue. Il réveille les trésors antiques de leur sommeil liquide.

A l'aube de la sixième conférence des Etats parties à la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, qui se tiendra du 29 mai au 1er juin 2017 à Paris, il apparaît utile de revenir sur quelques problèmes relatifs à « l'archéologie juridique » de ce patrimoine éminemment fragile et toujours menacé.

En 2005, une épave est découverte au sud de la pointe de La Parata, face aux îles Sanguinaires, au large d’Ajaccio. Son chargement insolite et sa technique de fabrication, très intrigante, ont permis de mieux comprendre les échanges entre la Corse et la République de Gênes, alors propriétaire de l’île de Beauté, au XVIe siècle.

Le 28 juin 2017, le lac du Bourget a vécu une aventure peu commune : une pirogue carolingienne a été extraite de ses eaux ! Cette prouesse technique a nécessité de longues journées de préparation afin de préserver ce vestige en bois de plus de 5 m de long. Après restauration et étude, l'embarcation sera exposée au Musée savoisien.

En 2011, l’Unesco inscrivait 111 des sites palafittiques se trouvant dans les pays de l’arc alpin sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité : datés d’environ 5000 à 500 avant notre ère, situés sur les bords des lacs et des terres marécageuses, et caractérisés par leurs maisons sur pilotis, ils témoignent d’un mode d’habitat en milieu humide. En Suisse, le service archéologique du canton de Genève livre pour "Archéologia" les premiers résultats d’une campagne d’exploration qui s’est tenue en février et mars 2022.

Les milliers de kilomètres de cours d’eau qui font partie de notre paysage quotidien recèlent des vestiges doublement enfouis, sous les sédiments et sous les eaux, qui préservent remarquablement bien les matières organiques et des matériaux comme le bronze. Ce patrimoine méconnu, objet d’un intérêt récent de l’archéologie, témoigne des relations parfois teintées de crainte ou de vénération qu’ont entretenues les hommes avec les rivières et de l’exploitation d’un milieu fluvial très riche en ressources.

Naufragée au tout début de l’époque moderne, en pleine expansion du commerce maritime entre l’Europe du Nord et la Méditerranée, l’épave Sanguinaires C constitue l’une des découvertes majeures du littoral français. Sa coque construite à clin, la diversité des vestiges matériels conservés sur le site et ce qu’ils nous révèlent des échanges maritimes et de l’univers technique du navire livrent des données archéologiques précieuses et inédites pour la période.

Lieu d’expérimentation de l’archéologie subaquatique, le lac de Paladru a livré des vestiges exceptionnels, datant principalement du Néolithique et de l’an Mil. Pour en offrir un aperçu au grand public, le Malp, musée archéologique du lac de Paladru, a été inauguré sur ses rives le 7 juin 2022. Sa directrice Isabelle Dahy nous en dévoile les coulisses.

Pour la première fois cet été 2022, une mission archéologique internationale a réuni, dans le canal de Sicile et sur le banc des Esquerquis, sous l’égide de l’Unesco, une vingtaine de scientifiques issus de huit pays des deux rives de la Méditerranée : Algérie, Croatie, Égypte, Espagne, France, Italie, Maroc et Tunisie. Ce projet inédit de coopération avait pour but d’explorer plusieurs sites immergés.

Découverte à l’orée du XXe siècle, au large de l’île grecque d’Anticythère, cette épave avait livré de nombreux trésors lors de ses premières fouilles. Depuis l’automne 2021, profitant de nouvelles technologies haut de gamme, une équipe internationale a repris les recherches subaquatiques sur le site du naufrage, perçant peu à peu les secrets du navire englouti.