Ce mois-ci, la tribune européenne de Jean-François Drevet est consacrée à la Banque centrale européenne (BCE). Alors que l'opinion, en particulier en France, continue d'émettre des réserves à l'égard de la BCE et de la solidarité monétaire européenne, l'auteur rappelle l'utilité qui est la sienne.

Francfort, tour Europe. C'est là que le Néerlandais Wim Duisenberg règne sur la devise européenne, tout en faisant face aux critiques : il communique mal, il a laissé monter le dollar de plus de 20% en deux ans, il paralyse l'économie du continent...

Après le franc fort, l'euro fort ! Le nouveau patron de la Banque centrale européenne est un ennemi juré du taxisme budgétaire et monétaire. Selon ses critères, la France a tout du mauvais élève.

Tête de Turc des politiques français, le patron de la Banque centrale européenne redore son blason pour sa gestion de la crise financière... Un retour en grâce peut-être éphémère.

Quelle a été la portée des décisions prises par la Banque centrale européenne pendant la crise de la zone euro ? Afin de répondre à cette question, il faut envisager la BCE, non pas sous l'angle de ses seules compétences officielles, mais comme un acteur politique qui cherche à exercer une influence au-delà du strict domaine monétaire. Son impact porte alors sur les systèmes socio-économiques nationaux, les règles de gouvernance européenne et le système de supervision financière.

Indépendante des délibérations démocratiques, la Banque centrale européenne devait incarner la stabilité monétaire. Elle a conduit la zone euro au bord de l'éclatement. Pourtant, la crise a renforcé son pouvoir au point que le sort des salariés du Vieux Continent semble parfois se jouer à Francfort.

D'accord sur un pact de croissance minimaliste, les dirigeants européens entament les débats sur l'étape suivante : l'union politique pour sauver la monnaie commune.

La Réserve fédérale ne sort pas grandie de la crise financière, à l'inverse de l'institution bancaire européenne.

La Banque centrale européenne a dû prendre des mesures d'urgence pour sauver des banques exsangues et venir en aide à des Etats affaiblis. Des initiatives sans précédent qui mettent en péril son équilibre financier. Bilan de santé.