Impossible de comprendre l'affaire Woerth-Bettencourt sans passer par la Suisse, sa place financière et son secret bancaire. Nicolas Sarkozy a beau les ignorer, les Helvètes s'invitent d'eux-mêmes dans le débat politique hexagonal.

Dans six mois, les établissements financiers ne pourront recevoir de leurs clients étrangers que des fonds déclarés.

Secret bancaire écorné, scandale de la Fifa, pression sur le franc suisse, ont terni la réputation de la Suisse. Qui ne manque pas pour autant d'atouts pour devoir s'en inquiéter outre mesure.

Que faire quand on détient des comptes non déclarés en Suisse, où le secret bancaire sera bientôt levé ? Tout avouer au fisc... Ou rapatrier son argent en douce, dissimulé dans une doublure de valise, un corset, un slip ou un siège bébé. De grosses ficelles qui font le bonheur des douaniers.

Des enquêteurs vont pouvoir étudier les fichiers des 700 établissements bancaires de la Confédération helvétique. Peut-être la fin d'un mystère qui dure depuis plus d'un demi-siècle.

L'affaire éclate en 1996, aux Etats-Unis, lorsque apparaît au grand jour la complaisance des banques helvétiques à l'égard de l'or venu d'Allemagne pendant la guerre. Ainsi que la spoliation de nombreux ayants droits, juifs pour la plupart, de fonds placés en Suisse avant le conflit.

Berne a enfin consenti, en 2009, à battre en brèche l'institution du secret bancaire. Mais ses concessions sont limitées, et la place financière s'emploie déjà à en atténuer la portée.

La Suisse est sens dessus dessous. A l'heure où l'Europe et les Etats-Unis veulent en finir avec le secret bancaire, la plus prestigieuse des banques helvétiques s'est fait prendre la main dans le sac. Airy Routier raconte comment, pendant des années, le numéro un mondial de la gestion de fortune a aidé milliardaires, escrocs ou petits épargnants de tous pays à frauder le fisc. Jusqu'au jour où un ex-cadre a tout balancé à la justice américaine.