A la sortie d'une enfance aux genoux écorchés, Bertrand Belin a découvert la musique d'abord, la littérature ensuite qui lui ont permis de déployer ses ailes. Un nouveau roman, un nouvel album et un film sortent ce mois-ci. Sommaire. L'autodidacte multicarte. Fable pour des temps nouveaux. "Faire advenir l'espéré".

Avec un album, "Persona", et un roman, "Grands carnivores", Bertrand Belin offre à sa voix et à son style si particuliers de nouvelles modulations pour dire le monde et poursuivre une archéologie intime.

Encensé par ses pairs pour l'acuité de ses textes et son interprétation magnétique de crooner, Bertrand Belin a longtemps été vu comme un artiste confidentiel. Un nouvel album, "Persona", un troisième roman et une apparition au cinéma devraient changer la donne.

La musique et les textes de Bertrand Belin sont inclassables. Ni rock, ni pop, ni chanson, chaque morceau est un univers onirique, où on se surprend à se laisser bercer par les notes, par le fourmillement des arrangements. Parfois même happé par la musique, après écoute, on ne sait plus de quoi le texte parle, on ne sait plus où on est. Il faut alors y revenir. Saisir les mots, comme des pointillés, pour comprendre où veut nous mener Bertrand Belin...

Entre proses fragmentaires et poèmes, le nouveau livre de Bertrand Belin fore la mémoire pour en rapporter les sédiments d'une enfance étouffée. Et fixe la matérialité des origines.

Le chanteur charismatique et comédien intermittent tient un rôle court mais crucial dans "le Roman de Ji m", des frères Larrieu. Promenade guidée dans son imaginaire cinématographique.

Souvent comparé aux voix d'Amérique, le Breton Bertrand Belin est en passe de réussir un pari loin d'être gagné d'avance : redonner à la chanson française un lustre rock et folk pas entendu depuis Alain Bashung. Mais encore ? Il a aussi des théories sur la lutte des classes, la paupérisation du métier d'artiste et PNL. Interview au large.