Spécialiste des problèmes de sécurité, le nouveau chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, a la tâche difficile d'arrimer progressivement la livre à l'euro.

Le manifeste "néolibéral" publié par les travaillistes britanniques avec le SPD allemand avait allumé la guerre des gauches à la veille des européennes. Depuis, la recherche d'une révolution sociale a pris un tour plus apaisé.

Rien ne va plus entre socialisme à la française et socialisme à l'anglaise. Longtemps occultées pour cause d'unité européenne, les divergences idéologiques des deux Premiers ministres sont aujourd'hui affichées.

Pour Tony Blair, la social-démocratie est à bout de souffle et le marché débridé : c'est la jungle. Alors il veut imposer sa troisième voie et gouverne au centre.

Crise politique, ralentissement économique, "affaires" : pour le surdoué de la gauche européenne, l'état de grâce est terminé. Mais son projet de trouver une troisième voie entre le libéralisme et la vieille social-démocratie continue de fasciner la gauche continentale.

Conservateur, Tony ? Pas plus que son électorat - ouvriers et classes moyennes - qui le plébiscite dans les sondages. Du coup aristocrates et militants du "Old Labour" se retrouvent ensemble dans la contestation... et bien seuls.

En invitant le président américain à fonder avec lui une internationale de centre-gauche, le Premier ministre britannique a fait un pied de nez aux socialistes européens, Jospin en tête.

Après avoir longtemps hésité à sortir de l'ambiguïté de sa campagne, le patron du "nouveau Labour" est en train d'accoucher d'un radicalisme réformateur aux antipodes du consensus mou qui l'a fait roi...

La "modernité" et "l'hyperréalisme" du nouveau Premier ministre - approuvés à 93% par les Britanniques - peuvent-ils servir de modèle pour la future social - démocratie dont rêvent, en Europe, tous ceux qui veulent "gouverner autrement" ?

Tony Blair a fait si peu de promesses qu'il lui sera diffile de décevoir les électeurs. Et pour l'heure, c'est l'euphorie dans les rangs travaillistes comme dans tout le pays, car après dix-huit ans de thatchérisme, le Labour rassure les Britanniques.

Aux élections du 1er mai, il ne s'agira pas seulement d'un duel entre John Major et le "jeune loup" travailliste, mais bien, quoi qu'on dise, d'un affrontement entre deux projets de société.