Une récente tribune appelle le président Macron à sauver le seul vrai camembert, le "100 % lait cru". Une louable initiative, mais tout n'est pas si simple.

N’ayant aucune valeur légale, la formulation "camembert fabriqué en Normandie" permettait en effet de produire des plâtres avec du lait allemand, roumain, polonais ou néo-zélandais.

Furieux d’être privé du label illégal "fabriqué en Normandie", grâce auquel il a pu vendre des millions de plâtres pasteurisés, le groupe Lactalis se venge via une campagne de pub dont le coût est supporté par les producteurs de lait payés une misère.

Alors que la haute juridiction administrative confirmait l'interdiction de ce label frauduleux par une ordonnance du 24 décembre 2020, les industriels du camembert pasteurisé persistent à user de la formule "fabriqué en Normandie". PAR PÉRICO LÉGASSE

Les défenseurs du fromage au lait cru d'appellation d'origine l'ont donc emporté sur les industriels de la pasteurisation. Interdite et illégale, la mention "fabriqué en Normandie" doit disparaître de toutes les étiquettes.

Bien qu'un compromis historique ait été trouvé entre les bons et les méchants, un quarteron de jusqu'au-boutistes tente de semer le doute dans les consciences, en laissant croire que la cause du lait cru a été trahie. Décryptage.

Alors qu'un accord avec les défenseurs du lait cru avait abouti, instituant deux AOP, le groupe Lactalis et ses complices refusent au dernier moment de voter l'adoption du nouveau cahier des charges de l'appellation d'origine.

C'est enfin au "Journal officiel". Les industriels accrochés au "fabriqué en Normandie" vont devoir lâcher prise. La mention qui induit volontairement le consommateur en erreur devra disparaître des étiquettes le 1er janvier 2021. D'ici là, le lobby va tout tenter pour faire plier le ministre.

Envers et contre toute la puissance de l'industrie laitière, trois dernières fermes perpétuent la tradition du vrai camembert fermier de Normandie. Une résistance goûteuse, menée de front par des autochtones, des néoruraux et une ancienne monitrice de voile anglaise. Nous avons rencontré ces rebelles du lait cru.

Au coeur du Bocage, un paysan se bat depuis quinze ans pour sauver l'un des plus glorieux symboles de la France, le camembert de Normandie au lait cru. Une cause aussi belle et aussi fragile que les paysages qu'elle veut protéger.