Tel est le titre que Benoît Coquard a choisi de donner à son livre. Né en Haute-Marne, ce sociologue de 33 ans a passé dix ans à étudier les classes populaires de la région où il a grandi, pour en ressortir un portrait nuancé et complexe qui met quelques baffes aux clichés sur la "France périphérique". Il était temps.

"Charmante commune recherche médecin sérieux." Des Côtes-d'Armor à la Haute-Saône, cette variante des petites annonces du "Chasseur français" fleurit sur Le Bon Coin. Les médecins ont beau être plus nombreux que jamais à l'échelle du pays, chaque département ou presque déplore son lot de déserts médicaux, à tel point qu'un Français sur dix a déjà renoncé à se soigner faute d'un rendez-vous à proximité. En première ligne face à cette disette, les maires rivalisent de hardiesse et d'inventivité pour courtiser celle ou celui qui saura se pencher sur la santé de leurs administrés.

Reiki, shiatsu, magnétisme... De nombreuses communes rurales favorisent l'installation et l'exercice de pseudo-praticiens malgré les alertes des autorités sur les risques encourus par le patient. Un phénomène étroitement lié à la désertification médicale.

Les besoins en logements sociaux existent aussi dans les territoires ruraux, même s'ils ont évolué avec le temps et, récemment, la crise sanitaire. Ces logements sociaux permettent d'accueillir une population vieillissante, mais également des familles ou des jeunes actifs. Les projets étant de petite taille, épars et chers, il faut mobiliser tous les moyens, de la cession du terrain par la commune à la construction de partenariats locaux. Pas de chiffres.

Le référé cinglant de la Cour des comptes sur l'intérêt des pôles d'équilibre territorial et rural (PETR) est très mal reçu dans ces structures souples, sans cesse sur la sellette.

Symbolisé par la crise des "gilets jaunes", le mal-être des territoires ruraux en France a pris de l'ampleur en 2019. Souffrant de l'exode de leur population et de leur activité commerciale vers les villes, délaissés par les pouvoirs publics, ils souhaitent casser l'image négative qui leur est accolée et retrouver un certain dynamisme. Les élus locaux de ces territoires apparaissent en fer de lance de ce projet et ont accueilli avec optimisme le plan "Nos campagnes, territoires d'avenir" lancé par le Premier ministre. Il faudra toutefois des actions concrètes pour que la ruralité redécolle.

Dans le droit fil du discours de politique générale de François Bayrou, la ministre de la Ruralité veut placer les agences nationales sous la tutelle des préfets. L'ancienne sénatrice plaide aussi pour des fusions de communes.