Pour "Rosetta", portrait d'une jeune fille qui se bat comme une damnée pour avoir un boulot, Luc et Jean-Pierre Dardenne ont obtenu la palme d'or au dernier Festival de Cannes.

En 1999, ils étaient venus à Cannes avec un film terminé in extremis : ils eurent la palme d'or. Revoici les deux frères belges avec "le Fils", dont on ignore tout.

Après la palme d'or et le prix à Emilie Dequenne pour "Rosetta", les frères Dardenne sont revenus à Cannes avec "Le Fils", qui a valu à Olivier Gourmet le prix d'interprétation.

Après avoir reçu, en 1999, la palme d'or pour "Rosetta", les deux réalisateurs belges sont à nouveau en compétition officielle avec "L'Enfant", un film tourné en super-16 dans la banlieue de Liège avec une révélation : Déborah François.

Après le triomphe cannois de "L'Enfant", Jean-Pierre et Luc Dardenne désignent les cinéastes qui les ont fondés, Sirk, Hitchcock, Cassavetes, Rossellini, Pialat...

La polémique soulevée par le palmarès du dernier Festival de Cannes autour des films primés a semé la confusion au point de masquer l'essentiel.

Lorsque lors du dernier Festival de Cannes a été proclamé le vainqueur de la Palme d'or, un curieux et rare phénomène s'est produit dans la grande salle du palais : ni applaudissements (ou si peu), ni cris, ni huées. Juste un silence étonné.

Gageons qu'on pourra décrypter plus tard notre époque à travers les films des frères Dardenne, tragédies minuscules et triennales ancrées dans une réalité sociale en mouvement perpétuel qui démontrent qu'il est possible de mêler spectacle et réflexion en s'abritant derrière la fiction. Il y a une quinzaine d'années, "Rosetta" faisait surgir du bois la précarité sous les traits d'Emilie Dequenne. L'impact du film fut d'ailleurs tel que la convention du premier emploi entrée en vigueur en Belgique le 1er avril 2000 fut baptisée Plan Rosetta.