A la veille de la Révolution, plus de 600 000 esclaves travaillent dans les plantations sucrières des Antilles françaises. Comment la France est-elle devenue une puissance négrière ? Et pourquoi l'abolition n'a pas tenu toutes les promesses dont elle était porteuse ? A l'occasion, le 10 mai, de la journée des mémoires de la traite et de l'esclavage, le point sur un sujet de moins en moins tabou.

L'esclavage reste l'une des plus grandes tragédies de l'humanité. Comment expliquer l'avertissement de millions d'hommes depuis l'Antiquité, et la déportation de 28 millions d'Africains ? L'émotion, réelle, ne doit pas empêcher la compréhension des événements. Le temps est venu de lever les tabous. En évoquant la traite arabe : le plus grand trafic négrier de tous les temps. Ou les nouvelles formes de servitude, qui touchent aujourd'hui plusieurs centaines de millions d'individus.

La traite et la réduction en esclavage de millions d'Africains déportés vers le Nouveau Monde a fait retour sur la scène de l'histoire. Y a-t-il eu crime et faut-il le réparer ? Stimulés par cet enjeu, des travaux récents sur cette sombre période permettent d'alimenter le débat.

Voilà un sujet qui fâche... D'où la nécessité d'en finir avec les idées reçues. A commencer par celle-ci : seuls les Occidentaux ont réduit les autres peuples en esclavage, et à ce titre doivent faire réparation. Faux : cette pratique, l'un des piliers des sociétés juive, chrétienne et musulmane, est universellement partagée. Elle remonte à la plus haute Antiquité. Et perdure aujourd'hui, sur tous les continents.

On peut constater qu'il faille indemniser les descendants d'esclaves déportés par les puissances coloniales. Mais on ne peut pas nier la dette contractée.

"Schoelcher, réveille-toi !" Combien de fois, face aux nouvelles formes d'asservissement de l'homme, est-on tenté de reprendre le fameux slogan pour s'adresser au champion de l'abolition de l'esclavage !...

Durant des siècles, des millions d'Africains (hommes et femmes) ont été déportés par des puissances européennes afin d'être réduits en esclavage dans les Amériques.

Un texte malencontreux sur les bienfaits de la colonisation, un projet de visite de Nicolas Sarkozy perçu comme une provocation... Et voilà tout le drame identitaire de l'outre-mer qui refait surface. Claude Askolovitch a découvert en Martinique des hommes déchirés entre leurs liens avec la France et leur besoin de se retrouver "sous peine de devenir fous".

La justice et signataire de l'appel "Liberté pour l'histoire" et la députée qui a fait voter la loi, qui porte son nom, sur la traite négrière et l'esclavage débattent des "lois mémorielles".